« Auteur d'une production qui se caractérise par ses multiples collaborations avec des artistes, les mots de Pierre Giquel se retrouvent aujourd'hui dans nombre d'œuvres plastiques, sonores ou chorégraphiques. Il a également écrit de nombreux textes pour des monographies d'artistes.
Construit sans hiérarchie des genres, ce livre de 600 pages, qui voit défiler les noms de 125 artistes, donne à voir le caractère nomade et singulier d'une position et d'une allure.
Organisé en neuf chapitres, avec des titres qui constituent autant de thématiques que de motifs, les textes suivent le fil d'une écriture qui ne s'arrête pas, préférant le modèle du parcours à celui de l'anthologie. Car si le terme de l'irrégularité est à entendre au sens musical, comme une idée de l'intermittence de l'activité, c'est qu'elle se place bien ici en regard d'une certaine critique dite “scientifique”, pour un commentateur de l'art qui se définit non sans malice comme “un accompagnateur, même mystique, plutôt qu'un analyste gelé”. Prétextes à une focale cultivant insolence et liberté de ton, revendiquant la variété et le goût de l'éclectisme,
Les Géographies irrégulières dessinent l'histoire d'un point de vue.
Cette édition est le fruit d'un long et généreux compagnonnage avec les artistes, pour cette figure qui participa à la création de la revue
Interlope, la curieuse au début des années 1990 et qui passa allègrement des colonnes de
Art Press à celles de
Ouest France au gré des humeurs et des saisons. Connu pour avoir incarné une relation ininterrompue et particulière, qu'il n'eût de cesse de tisser notamment à Nantes où il fut professeur à l'école des Beaux-Arts, entre les étudiants et les artistes, Pierre Giquel qui avoue volontiers que “la moquerie est une arme contre l'époque et ses morosités” ou que “vivre l'art, c'est comme incarner ses méandres et ses sauteries” fut aussi l'un des acteurs d'une scène dont il fut l'un des témoins.
Ses
Géographies irrégulières retracent également la trajectoire d'une plume et d'un style qui se sont élaborés au fil du temps. En échos complices, l'ouvrage s'ouvre avec les préambules de
Fabrice Reymond et de Pierre-Jean Galdin qui évoquent dès les premières pages la mesure de l'attitude. Autre écho : la jaquette américaine avec deux aquarelles de Fabrice Hyber sous une forme de paysage biographique.
Résonnant déjà à la manière d'un avertissement, il y a quelques années, l'écrivain avait écrit dans un article de la presse régionale, une phrase qui donne d'emblée le ton : “Je ne m'adresse pas à ceux que l'enthousiasme étrangle…”
Un défi lancé au lecteur, comme une signature solaire, une dédicace. »
Frédéric Emprou, directeur de la publication
Écrivain,
poète et critique d'art, Pierre Giquel (1954-2018) était également enseignant à l'école supérieure des Beaux-Arts de Nantes Métropole, et a contribué à de nombreux catalogues d'expositions et revues d'art. Depuis le début des années 1980, ses textes ont été édités dans de multiples publications d'art contemporain et des parutions d'institutions tels le
CAPC de Bordeaux, le Mac/Val à Vitry-sur-Seine, le musée d'Art moderne de la ville de Paris, le Frac des Pays de la Loire… Il a été publié chez Flammarion et Hazan pour la collaboration à des ouvrages monographiques d'artistes tels que
Fabrice Hyber ou
Pierrick Sorin. Sous la forme du livre d'artiste, comme aux éditions Tarabuste ou Richard Meier, ses écrits ont donné lieu, lors d'expositions et d'invitation d'artistes, à diverses propositions par le biais de chansons, lectures, pièces sonores ou oeuvres d'art. Il a été le commissaire de l'exposition « Ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent », à la Garenne-Lemot de Clisson pour le Frac des Pays de la Loire en 2007.