Cet ouvrage articule un ensemble d'essais et d'entretiens inédits, mêlant la parole de théoriciens et de praticiens autour de l'interaction spécifique de la danse et du dessin durant la seconde moitié du XXe siècle.
La danse et le dessin sont intimement liés au geste qui les exécute. Le corps dansant crée une figure dans l'espace et laisse un impact in situ, tandis que l'action de l'artiste met un point en mouvement et capte un événement éphémère restitué sous forme graphique. Au cours du siècle passé, les arts chorégraphiques et visuels se sont rencontrés à de nombreuses reprises. Tandis que les artistes sondaient la valeur incarnée et énergétique de la forme, les danseurs-ses et chorégraphes expérimentaient avec les interfaces entre signe et action, notation et improvisation, sens spatial de soi et configuration architecturale du mouvement. Aussi est-ce dès la seconde moitié du XXe siècle que s'est accentuée l'hybridation de la danse et du dessin, lorsque la performance prit un essor inédit et que les frontières entre les différentes disciplines se sont élimées, laissant apparaître des formes intermédiales. Le corps de l'artiste – danseur ou danseuse, plasticien ou plasticienne – est désormais l'instrument que ces champs se partagent et qui rend leur accomplissement simultané. L'ouverture du dessin à l'espace réel, à ses surfaces (sol, plafond, murs) autant qu'à ses volumes, le mène frontalement à la danse.
C'est sur cette rencontre que se concentre cette publication: elle vise à évaluer et discuter l'interaction spécifique des deux médias et la diversification de leurs pratiques depuis 1962, soit depuis les événements coïncidant avec la première publique du Judson Dance Group à New York.
Publié suite au symposium international « I Love Thinking on my Feet. Dance and Drawing Since 1962 », Université de Genève, du 31 mai au 1er juin 2012.