Le miroir participe aux transformations de l'art contemporain en renouvelant les catégories esthétiques par-delà les genres et les médiums. L'ambition de cet ouvrage est d'interroger les fonctions du miroir dans notre culture visuelle, tout en donnant à penser notre coexistence avec l'Autre.
Depuis qu'Alberti a déclaré en 1435 que le miroir est le juge de la peinture, le miroir plan s'est imposé comme un mode d'organisation du regard par le truchement de la
perspectiva artificialis. Or, cette réflexion parfaite n'est plus de mise dans l'art du XXe siècle, en particulier depuis les années 1960. Les artistes comme
Robert Morris,
Robert Smithson,
Michelangelo Pistoletto,
Jeff Wall,
Bill Viola,
Yayoi Kusama,
Larry Bell, Anish Kapoor, Vladimir Skoda, ou encore
Carsten Höller, Jeppe Hein, David Altmejd,
Olafur Eliasson, pour n'en citer que quelques uns, créent des surfaces et des dispositifs spéculaires qui font appel au vertige des sens. Leurs œuvres témoignent d'une déréalisation du monde et d'une dépersonnalisation du sujet à travers des miroirs vides, fragmentés, déformés ou abyssaux... Le spectateur est invité à faire l'expérience du miroir qui n'est plus seulement à regarder sur le mode intimiste, mais sur le mode relationnel entre le corps, l'espace, la lumière et le temps.
« Des tableaux-miroirs de Michelangelo Pistoletto aux déformations grandioses d'Anish Kapoor, Soko Phay fait du miroir un superbe objet de réflexion [...]. Un voyage exaltant de l'autre côté du miroir, au cœur de la création contemporaine [...], un ouvrage érudit et captivant. »
Daphné Bétard,
Beaux Arts Magazine
Soko Phay est professeure en histoire et théorie de l'art contemporain à l'Université Paris 8 et au Nouveau collège d'Études politiques de l'Université Paris Lumières. Elle est directrice du Laboratoire « Arts des images et art contemporain » (AIAC). Elle a consacré plusieurs livres sur l'esthétique du miroir, dont
Le miroir dans l'art de Manet à Richter (L'Harmattan, 2001). Elle mène également ses recherches sur l'art devant l'extrême, dans ses relations avec la mémoire et l'histoire. Elle a dirigé ou codirigé
Cambodge, l'atelier de la mémoire (Sonleuk Thmey, 2010),
Cambodge, le génocide oublié (Cécile Defaut, 2013),
Figurations of Postmemory (Journal of Literature and Trauma Studies, 2015),
Cambodge cartographie de la mémoire (L'Asiathèque, 2017),
Archives au présent (PUV, 2017),
Les génocides oubliés ? (Mémoires en jeu, 2020),
Le paysage après coup (avec
Patrick Nardin) et (avec Pierre Bayard)
Rwanda – L'atelier de la mémoire – Des archives à la création (Naima, 2022). Elle a cofondé avec Pierre Bayard le Centre International de recherches et d'enseignement sur les meurtres de masse (CIREMM).