« Une exposition personnelle collective (ou l'inverse) » : invité pour une carte blanche, Bruno Peinado propose, à partir d'œuvres de la collection du Frac Pays de la Loire, de celles de jeunes artistes invités et de certaines de ses propres pièces, une réflexion sur les notions de lieu et de réseau. Cet ouvrage en deux parties (entre lesquelles le sens de lecture s'inverse) se fait l'écho du projet déployé dans deux espaces distincts.
« Afin de dialoguer avec cette belle collection du Frac dont je connais les pièces, et souvent très bien les artistes, j'ai désiré proposer en écho plusieurs œuvres comme autant de pensées du monde en prolongements ou en ruptures. Et comme des ondes dont les centres s'articuleraient depuis ma maison/atelier et la maison du Frac, mes futures et anciennes maisons dont celle sur l'île Beaulieu si proche du Hangar à bananes et du quai lui même si proche de tant de luttes et des Antilles dont il a le nom ; j'ai choisi dans un mouvement concentrique et excentrique de communauté de vie ou de pensée plus ou moins fantasmées, des œuvres de très jeunes artistes que je fréquente au quotidien à Douarnenez et à l'école des Beaux Arts de Quimper, des œuvres de jeunes artistes que je rencontre ou dont je suis le travail et qui depuis Rennes, Nantes, Paris, Marseille Nice et ailleurs peuvent entretenir des échanges avec cette collection du Frac elle aussi ouverte aux rumeurs du monde. [...] L'écho / Ce qui sépare est une exposition qui ne demande pas de choisir mais de goûter des complexités. L'écho / Ce qui sépare est une exposition qui fait écho à plusieurs régimes de narration sans les aborder frontalement, mais qui se propose à l'inverse d'un manifeste de mettre en tension des désirs et des pistes. L'écho / Ce qui sépare est une exposition continentale depuis une île qui pense les devenirs archipéliques des continents. L'écho / Ce qui sépare pourrait faire écho à ce qui nous relie comme à ce qui nous sépare, à l'émergence des scènes musicales ou artistiques comme à l'Atlantique Noir. L'écho / Ce qui sépare pense et se défait des émergences et des identités à l'image de cette scène Nantaise dont je suis issu, et qui comme Dominique A, Philippe Katerine, les ex-Little Rabbits se sont ouverts au monde depuis Nantes sans revendiquer d'appartenance à un lieu unique. L'écho / Ce qui sépare est une exposition qui résiste à se donner entre deux lieux et dont la somme ne saurait être binaire. L'écho / Ce qui sépare tente d'affirmer que 1+1 = 3. L'écho / Ce qui sépare est une exposition qui à l'heure du post internet repense les notions de réseau par les rencontres fortuites, les singularités et les affinités électives. »
Bruno Peinado
Publié suite à la double exposition éponyme au Frac des Pays de la Loire, Carquefou, du 19 février au 1er juin 2014 et à la Hab Galerie, Nantes, du 28 février au 11 mai 2014.
Figure incontournable de la scène artistique française actuelle, Bruno Peinado (né à Montpellier en 1970, vit et travaille en France et aux États-Unis) est notamment emblématique de ce que l'on qualifie d'un art de la post-production, élevant le métissage au rang de processus créatif à part entière, brassant références à l'histoire de l'art, codes de la société de consommation de masse et éléments de la vie quotidienne,
inventant de nouveaux liens entre les arts plastiques et d'autres expressions culturelles.