Keith Moxey démontre à quel point nous sommes encore toujours prisonniers d'une lecture téléologique de l'histoire, qui ne peut concevoir le temps des images que comme une série d'influences que chaque œuvre exerce sur la suivante. Avec l'émergence des études visuelles, un décloisonnement s'est heureusement produit, et l'histoire de l'art s'est enfin ouverte aux arts non occidentaux, mais sans que cela ne remette en question la priorité du temps de la modernité occidentale comme méridien universel. Mais le temps des images s'écoule-t-il vraiment à la même vitesse en tous lieux ? Dans quelle mesure peut-on faire place à des récits divergents ?
Le Temps visuel navigue entre certaines analyses exemplaires du présent (Gerard Sekoto, Thomas Demand, Hiroshi Sugimoto,
Cindy Sherman) et quelques grands maîtres du XVIe siècle (Bruegel, Dürer, Grünewald et Holbein), pour faire émerger l'« hétérochronie » fondamentale des images. Entre un universalisme décontextualisé et le désir d'un retour aux origines, il s'agit de faire place à l'idée dérangeante que les images ont une temporalité qui leur est propre et qui rythme les échanges que celles-ci entretiennent avec leurs spectateurs.
« Ce superbe livre offre une analyse perspicace de la signification du temps en histoire de l'art. Keith Moxey suggère une hypothèse surprenante : contrairement à l'interprétation habituelle, la rencontre avec l'œuvre n'aurait pas pour effet de nous mettre en rapport avec l'instant de sa fabrication, mais au contraire d'effacer celui-ci, entraînant aussi bien l'image que le spectateur un rapport de forces sensorielles et provoquant une sorte d'aveuglement vis-à-vis du passé. Voilà qui déplace les centres d'intérêt traditionnels de l'histoire de l'art, et font naître un questionnement sur la discipline en tant que telle. »
James Elkins, auteur de
What Photography Is.
« Keith Moxey montre que l'histoire est foncièrement anachronique (tout comme la mémoire d'ailleurs), et que les images et les œuvres d'art contribuent fondamentalement à dévoiler les temporalités multiples et disjointes au sein desquelles nous évoluons, non seulement en tant qu'historiens, mais aussi en tant que sujets de l'expérience humaine. Un livre indispensable pour tous ceux qui s'intéressent à l'image et au temps. »
W. J. T. Mitchell, auteur de
Que veulent les images ? et directeur de la revue
Critical Inquiry.
Keith Moxey occupe la chaire Barbara Novak d'histoire de l'art au Barnard College de la Columbia University. Spécialiste de la peinture allemande et néerlandaise du XVIe siècle, il a contribué à une réflexion fondamentale de l'histoire de l'art sur ses propres fondements théoriques.