Un examen des relations entre Antoine Bourdelle et Alberto Giacometti, qui dresse un état des lieux pour le déchiffrement d'un désaveu et explore l'histoire plus générale de l'héritage et de l'enseignement artistiques sous le régime de la modernité.
Les textes sont formels : à compter de 1922, Alberto Giacometti « fréquenta » l'atelier d'Antoine Bourdelle « plusieurs années durant ». Mais quelles furent les modalités et la durée exacte de cette fréquentation ? Personne ne le sait, le Suisse ayant laissé flotter le doute sur ces mois d'apprentissage sans que personne n'osât les approcher réellement, loin de toute mythologie et de toute mystification.
Giacometti pouvait-il reconnaitre l'héritage d'Antoine Bourdelle, au risque d'être plombé par un passé trop lourd ? Du reste, obsédée par la tabula rasa et l'ex nihilo, les avant-gardes savent-elles accueillir leurs maîtres ? Partant, cet ouvrage entend décrypter un désaveu singulier et explorer l'histoire plus générale de l'enseignement sous le régime de la modernité, à l'heure où « les disciples renforcent, disséminent ou trahissent les sinus personnels et sociaux de l'identité » (George Steiner).
Colin Lemoine est historien de l'art, critique d'art (
L'Œil,
Le Journal des Arts...) et commissaire d'expositions. Responsable des sculptures au musée Bourdelle, il a consacré plusieurs articles, conférences, ouvrages et expositions à
Alberto Giacometti, Auguste Rodin, Johan Creten ou
Henri Focillon. Il est conseiller artistique pour des manifestations d'art contemporain et dirige une collection d'histoire de l'art chez Fayard. Il s'est intéressé à Michel-Ange, à l'occasion d'un ouvrage publié avec Jack Lang (Fayard, 2012), et, lors d'une exposition, à la postérité artistique et politique de Ludwig van Beethoven (Philharmonie de Paris, 2016).