Première monographie de l'artiste new-yorkaise dont l'œuvre singulière interroge les utilisations de l'image historique. Entre appropriation et recontruction, son travail, des films et des photogrammes expérimentaux basés sur un jeu de substitution et de dé/recontextualisation historique de documents photographiques et cinématographiques d'archives, peut être défini comme une archéologie du temps et de la culture visuelle.
Publié à l'occasion de l'exposition « Lisa Oppenheim – From Abigail to Jacob (Works 2004-2014) » à la Grazer Kunstverein, Hambourg, en 2014.
La pratique artistique de Lisa Oppenheim (née en 1975 à New York, où elle vit et travaille)
se situe dans la droite ligne de la photographie conceptuelle, des artistes de la « Pictures Generation » et du cinéma structuraliste américain. Elle s'intéresse tout particulièrement à l'histoire de la photographie et de ses pionniers, ainsi qu'à l'évolution de ses techniques au cours du temps. Ses œuvres impliquent souvent une relation entre le processus photographique original de la photographie trouvée et celui que l'artiste instaure dans son utilisation de cette dernière. Une sorte d'exhumation photographique permettant au passé et au présent de s'informer l'un et l'autre.
Les photographies et vidéos de Lisa Oppenheim sont créées à partir d'images et de documents existants qu'elle s'approprie, retravaille et transforme par le biais de différentes techniques historiques et contemporaines. Son processus de travail trouve bien souvent sa source dans Internet où elle recherche des images et des objets qu'elle réinterprète photographiquement en utilisant à la fois des technologies analogues et numériques. De par cette approche, le processus devenant lui-même le matériau de base, l'artiste offre aux images photographiques de nouvelles formes et de nouveaux contextes.
Depuis le milieu des années 2000, elle a ainsi produit un corpus d'œuvres qui explore l'usage de l'image – d'histoire, d'actualité, documentaire... – dans nos sociétés contemporaines, une démarche que l'on pourrait qualifier d'« archéologie du temps et de la culture visuelle ».