Le premier volume des écrits complets de John Baldessari permet de suivre la génèse et le développement de sa conception de l'art au début des années 1960.
More Than You Wanted to Know About John Baldessari est le premier recueil complet des écrits de l'artiste californien. Edité et introduit par
Meg Cranston et
Hans Ulrich Obrist, cet ouvrage en deux volumes
(*) retrace le développement de la conception de l'art de Baldessari depuis le début des années 1960 jusqu'à nos jours. Il contient un long entretien avec l'artiste autour de son rapport à l'écriture, ainsi que nombreux textes et documents totalement inédits qui éclairent la manière dont les dimensions littéraires et graphiques sont intrinsèquement liées dans son travail.
Dans un style simple sans fioritures, Baldessari se fait tour à tour conteur, moraliste, professeur, parfois agitateur, employant tous les moyens pour réaliser ce qu'il considère comme le but principal de toute pratique artistique : communiquer d'une manière intelligible pour le plus grand nombre. L'écriture de Baldessari aborde un large éventail de sujets, allant du problème de la couleur dans la sculpture à celui des étudiants en art en manque d'idées, en passant par le problème de l'argent dans le monde de l'art. Il revient cependant sans cesse aux problématiques précises inhérentes à son propre travail, dont la première d'entre elles, qui semble déterminer l'écriture de tous les textes du livre : l'importance particulière des mots (et le rapport complexe qu'ils entretiennent aux images), en ce qu'ils permettent de dire du monde ce que les images ne peuvent montrer, en ce qu'ils permettent ainsi d'accroître les potentialités de l'art.
John Baldessari, né en 1931 à National City (près de San Diego),
Californie, et décédé en 2020, est un
artiste conceptuel américain basé à Los Angeles dont le travail interroge la relation des images avec le texte, notamment par le biais de photographies issues de la culture de masse (magazines, publicités, télévision, cinéma) qu'il s'approprie.
Depuis le spectaculaire « Cremation Project » de 1970 qui a consisté à brûler toutes les peintures qu'il avait réalisées entre 1953 et 1966, son travail porte sur les relations entre langage et image, en tant que formes d'expression. Dans ses peintures, photographies, films et vidéos, collages, etc., Baldessari a interrogé depuis ses débuts les mécanismes de représentation médiatique, aussi bien que le sujet de la production artistique elle-même, à partir d'une gigantesque archive d'éléments iconographiques et textuels provenant de la publicité, du cinéma et de la presse qu'il manipule, décline et intégre sous différentes formes dans ses œuvres. Depuis 1980, Baldessari a poursuivi son travail sur les contenus narratifs en développant principalement des séries d'images et de photographies d'où les éléments textuels sont absents, les fonctions du langage étant évoquées en creux, sous les couches de peinture, entre les vides, dans les intervalles.
Baldessari a enseigné tout au long de sa carrière, entre autres à UCSD (université de Californie à San Diego),
CalArts (California Institute of the Arts) et UCLA (université de Californie à Los Angeles) jusqu'en 2008. Professeur légendaire, il jette les bases de l'enseignement artistique actuel américain lorsqu'il rejoint CalArts en 1970 et créé une classe de « Post studio » (« post atelier »), pour des étudiants peu enclins à travailler avec des médiums traditionnels (peinture ou sculpture) et établit une tradition de discussion critique autour du travail des étudiants, qu'il encourage à se penser d'ores et déjà comme des artistes. Il invite régulièrement dans sa classe des artistes de passage à Los Angeles, comme Bruce Nauman,
Lawrence Weiner ou Richard Serra. Il a formé toute une génération d'artistes américains comme
Jack Goldstein, David Salle,
Ashley Bickerton, Stephen Prina, James Welling,
Matt Mullican,
Troy Brauntuch,
Mike Kelley,
Jim Shaw,
Tony Oursler, Jim Isermann, et ultérieurement des artistes comme Analia Saban et Eliott Hundley. Via son enseignement, son influence sur l'art américain des dernières décennies est considérable, notamment sur la
Pictures Generation dont l'usage de l'appropriation et de la transformation d'images puisées dans la culture de masse est directement issu de sa pratique.