Iveta Slavkova signe une étude ambitieuse et transversale sur la crise de l'humanisme issue de la modernité – et sur les conséquences historiques des travers de la conception universaliste et absolue portée par le
futurisme et le
Bauhaus –, proposant des pistes peu explorées pour une relecture des enjeux artistiques au XXe siècle.
Nés à dix ans d'intervalle, avant et après le premier conflit mondial, le
futurisme italien et l'école du
Bauhaus sont inexorablement liés à la Première
Guerre mondiale. Comme la plupart de leurs contemporains,
Marinetti, Boccioni, Gropius ou
Schlemmer combattent, convaincus que ce conflit est la conséquence de la dégénérescence et de la désintégration de l'homme, mais aussi la solution à ces deux angoisses majeures de la modernité en Occident. La production artistique du futurisme et du Bauhaus est une tentative de « réparer » l'homme moderne morcelé et désorienté, en générant un Homme nouveau dont la force spirituelle et la grâce physique prennent source dans une guerre mythifiée.
Comment ce massacre industriel, où le morcellement du corps humain et la violence atteignent des sommets, a pu inspirer chez ces créateurs une telle foi dans la capacité de l'homme à se maîtriser et à maîtriser son environnement, voire l'univers entier ? Quelles œuvres, quelles formes, quels matériaux pouvaient incarner cette haute mission ?
Cet ouvrage analyse les réponses que donnent à ces questions le futurisme et le Bauhaus. Il en ressort que la restauration d'un humanisme suranné, universaliste et absolu, qui était le point de mire de ces deux avant-gardes, finit paradoxalement par creuser le sillon des totalitarismes.
Iveta Slavkova est Assistant Professor en Histoire de l'art à AUP (American University of Paris). Elle travaille sur la crise de l'humanisme autour des deux
guerres mondiales, étudiant l'Homme nouveau et les modalités des projets
utopistes des avant-gardes après ces deux grandes catastrophes modernes. Elle mène une recherche sur l'abhumanisme, terme inventé par
Jacques Audiberti après la Seconde Guerre mondiale et ses répercussions sur l'art à Paris à cette période.