Monographie de référence :
un parcours de l'œuvre d'une figure du dessin contemporain dont la pratique se situe entre dessin classique, graphisme, design, modélisation scientifique et bande dessinée, tout en se référant aux estampes japonaises, aux peintures romantiques et à la littérature, organisé en différentes séquences graphiques (des dessins aux feutres et marqueurs noirs
aux installations et œuvres in situ), avec deux essais et un entretien.
C'est en interrogeant dans son dessin la matière, sa concrétion, sa densité ou même son absence en creux, qu'Abdelkader Benchamma
s'oriente vers la sculpture, et que la sculpture réoriente ses derniers travaux.
La monographie
Dark Matter est constituée pour partie des œuvres créées
in situ à l'occasion de sa nouvelle exposition
à la galerie du jour agnès b. en 2011. Mais elle vise surtout à explorer le parcours qui a conduit son dessin
vers de nombreuses transformations, de la ligne claire à l'abstraction, à travers une réflexion sur la métamorphose,
l'entassement, l'écriture, l'empreinte, le volume absent...
Pour cet artiste qui considère le dessin comme un médium à part entière, mais capable d'aboutir à des fins multiples,
une monographie constitue un pas important à ce point donné de l'évolution de son œuvre. Car si son dessin crée des
liens entre le dessin classique, la modélisation scientifique et reprend certains codes de la bande dessinée, il oscille aussi
entre des champs aussi divers que la littérature, la peinture de paysage ou le graphisme, tout en restant résolument art
contemporain. Un livre est bien le format qui peut fédérer ses différents publics.
La première partie de
Dark Matter, présentant l'artiste et le sujet, est constituée de l'interview d'Abdelkader Benchamma
par Jean-François Sanz, commissaire de l'exposition à la galerie du jour, d'un texte de
Jean-Max Colard et d'un essai critique d'Emmanuelle Lequeux.
La deuxième partie, émaillée de ses inspirations littéraires, est consacrée à ses dessins aux feutres et marqueurs noirs
qui se réfèrent aux estampes japonaises et aux peintures romantiques.
La troisième s'intéresse aux volumes, installations et œuvres
in situ.
Du point de vue graphique, l'ensemble se place sous le signe de la transformation de la matière : combinant les éléments
à un rythme, tantôt fulgurant, tantôt imperceptible, on assiste à la création d'un univers artistique à la fois épuré et
complexe. Puis, des séquences très contrastées passent le trait en négatif, du noir au blanc, et créent un effet
optique de clignotement, juste avant de passer aux volumes et installations, comme la palpitation d'une étoile avant
sa disparition. Une insaisissable fraction d'espace.
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme à la Galerie du jour agnès b., Paris, d'avril à mai 2011.
Au feutre gouache, à l'encre, d'une grande finesse d'exécution mais réalisé sans esquisse préalable, le dessin d'Abdelkader Benchamma (né en 1975 à Mazamet, vit et travaille à Montpellier et à Paris) est pensé comme une écriture. Un dessin qui se situe entre plusieurs pratiques déjà existantes, du design au graphisme en
passant par certains travaux de bandes dessinées. L'artiste investit des pièces entières avec des dessins muraux, mêlés
à des fragments de textes. Les deux modes d'écritures se mêlent, se complètent ou se contredisent. Personnages
sans repères, accidents impossibles, objets quotidiens qui se rebellent, morceaux de phrases qui témoignent des
silences d'une conversation, sont quelques exemples d'une poétique de l'absurde utilisée comme réponse possible
aux limites d'une réalité unique.
Abdelkader Benchamma est lauréat du prix Drawing Now 2015.