Un dialogue entre deux danseuses et chorégraphes contemporaines majeures, accompagné d'échanges avec des collaborateurs de Trisha Brown,
de textes de ses danseurs, de notes et de la transcription d'une conférence.
L'ensemble est suivi d'un essai sur la filiation déliée entre Trisha Brown et Emmanuelle Huynh.
De 1992 à 1999, Emmanuelle Huynh réalise une série d'entretiens avec Trisha Brown sur l'œuvre de cette dernière qu'elle suit assidûment. On découvre dans cet ouvrage un dialogue entre artistes, où les questions d'Emmanuelle Huynh révèlent ses préoccupations de jeune chorégraphe et son évolution, ainsi que la nature de son regard sur la danse en général et une approche personnelle de l'œuvre de Trisha Brown.
Cette publication en deux parties offre un témoignage sur le travail d'une chorégraphe américaine tout en rendant compte des différentes strates de la recherche d'une chorégraphe française : d'une part, les entretiens avec Trisha Brown, ainsi qu'avec certains de ses interprètes et collaborateurs (Shelley Senter, Diane Madden, Stacey Spence, Guillaume Bernardi) et les rencontres publiques avec Trisha Brown au CNDC en 2006 ; d'autre part, les observations faites en studio par Emmanuelle Huynh, l'expérience traversée lors des stages et une plongée dans ses préoccupations actuelles de chorégraphe à la tête d'une institution pédagogique, à savoir les notions d'apprentissages, d'influences et d'appropriations.
« En 1992, lorsque je sollicite une première
rencontre avec Trisha Brown, je ne sais pas
encore que je vais m'intéresser à la question
de la transmission, à la question de l'école
comme lieu d'émancipation. C'est pourtant
ce qui se joue dans ces conversations qui
auront lieu pendant dix ans. À travers les
questions à Trisha Brown, souvent préparées,
parfois improvisées, je cherche à comprendre
tant le cœur du travail, sa fabrication intime,
le rapport aux danseurs, leurs corps, leur
imagination, que le contexte du travail,
le cadre hiérarchique de la compagnie, le
désir d'école, les questions économiques qui
parfois donnent de nouvelles orientations. À
mesure que je la rencontre, je peux inventer
ma route et préciser mes propres options.
Loin de m'inféoder à elle, ce lien m'autorise
et m'émancipe. »
Emmanuelle Huynh
Danseuse, chorégraphe et plasticienne américaine, Trisha Brown (1936-2017), formée à la
modern dance, se tourne vers l'improvisation et rencontre
Simone Forti dans un atelier de Anna Halprin. En 1960, elle s'installe à New York où elle suit l'atelier de composition de Robert Dunn. Avec
Robert Rauschenberg,
Yvonne Rainer, Steve Paxton, David Gordon, Deborah et Ale Hay notamment, elle participe bientôt au Judson Dance Theater, creuset de la
postmodern dance.
En 1970, elle fonde sa compagnie, tout en faisant partie du collectif d'improvisation The Grand Union. Elle développe longuement sans musique et dans des lieux non conventionnels des recherches toujours empreintes d'humour sur la pesanteur, la répétition, l'improvisation structurée, l'accumulation... avant de passer à la scène où elle poursuit ces explorations en y ajoutant organiquement, un à un, le décor, la musique, l'émotion...
Trisha Brown dépasse le cadre de la stricte chorégraphie en livrant à partir de 1998 des mises en scène d'opéras – de Claudio Monteverdi à Jean-Philippe Rameau en passant par Salvatore Sciarrino. Reconnue pour son œuvre parallèle de plasticienne, elle est invitée par la Documenta de Kassel en 2007 et le Walker Art Center de Minneapolis en 2008.
Première femme chorégraphe récompensée par la prestigieuse Genius Grant (bourse du génie) de la MacArthur Foundation en 1991, Trisha Brown a reçu en France les insignes de commandeur des Arts et des Lettres en 2004.
Danseuse et chorégraphe française,
Emmanuelle Huynh (née en 1963 à Chateauroux) a fait des études de philosophie et de danse. Après avoir été interprète auprès de Nathalie Collantes, Hervé Robbe,
Odile Duboc,
Catherine Contour, le Quatuor Knust, elle bénéficie en 1994 d'une bourse Villa Médicis hors-les-murs pour un projet au Viêt-nam, et crée à son retour, son premier opus : le solo Múa, avec l'éclairagiste Yves Godin et le compositeur
Kasper T. Toeplitz. La création de Múa place d'emblée la collaboration avec des artistes de champs différents au cœur de son travail.
De février 2004 à décembre 2012, Emmanuelle Huynh est directrice du Centre national de danse contemporaine d'Angers (CNDC).
Elle réactive la compagnie Mùa en 2013, au sein de laquelle elle poursuit ses activités de créations chorégraphiques et de transmissions et pédagogie.