Luxueuse monographie rétrospective, conçue en étroite collaboration avec l'artiste, avec trois essais, une chronologie illustrée et commentée, les œuvres majeures depuis le début des années 1980 (ainsi que de nombreux documents et les vues d'expositions) et une bio-bibliographie, sur près de 500 pages.
L'ouvrage, le premier consacré au travail de Ristelhueber, est articulé autour de trois points de vue très spécifiques : un parti-pris scientifique et très documenté de David Mellor ; un point de vue personnel de Bruno Latour ; un texte de
Thomas Schlesser sur la réception de l'œuvre de Sophie Ristelhueber par la presse spécialisée et généraliste, et en particulier autour de la notion de photojournalisme et d'art.
La première partie du livre (« Ensembles ») donne à voir une sélection d'une vingtaine de travaux rassemblés sur un mode visuel et non chronologique. La seconde partie (« Chronologies ») rassemble toutes les œuvres de l'artiste de 1980 à 2008, envisagées selon un mode documentaire, assemblant citations de différents auteurs et de Sophie Ristelhueber elle-même, avec de nombreuses photographies d'expositions.
Sophie Ristelhueber (née en 1949 à Paris) est aujourd'hui l'une des grandes figures de l'art en
photographie. Elle poursuit, depuis ses travaux fondateurs sur la ville de
Beyrouth détruite par la
guerre au début des années 1980, une œuvre exigeante qui éprouve les conditions dans lesquelles le réel se donne à voir.
Elle développe une réflexion engagée sur le territoire et son histoire
au travers d'une approche singulière du
paysage, conçu comme espace porteur de traces d'activité humaine et mémoire des bouleversements majeurs (grandes guerres historiques, conflits récents, guerres civiles, tremblements de terre),
interrrogeant, à la façon d'une archéologue, les marques laissées par l'homme en surface et rendant visibles les stigmates de l'histoire.
Implicant un engagement personnel complet et une pratique de terrain, le travail de Ristelhueber emprunte au reportage ses outils (la photographie) et l'un de ses thèmes majeurs (la guerre), mais en les pliant aux procédures de l'art : son œuvre ne se construit pas autour du projet
documentaire de représenter, mais à partir du projet esthétique d'interroger la notion de trace, sur les corps et sur les lieux.
Attentive au support des photographies, qu'il s'agisse de l'accrochage à l'échelle de la salle de musée ou de la reproduction par le livre, l'artiste recourt aussi à d'autres natures d'images (comme la vidéo) et à des dispositifs d'installation pour construire différentes formes capables de ressaisir la réalité.
Sophie Ristelhueber a remporté le Deutsche Börse Photography Prize 2010.
Voir aussi
Catherine Grenier : Sophie Ristelhueber – La guerre intérieure ;
Christine Bergé : L'image en cours – Tarkovski Ristelhueber.