Ce numéro double de la revue critique consacrée au graphisme se penche sur les origines de l'automatisation et de la mécanisation de la traduction et de l'écriture.
N° 47 : Des machines, des accents des affects
Camille Pageard
Construite à la toute fin du XIXe siècle pour une étude physiologique de la voix, la machine à voyelles du Dr Marage porte un nouvel éclairage sur les prémices de la mesure du son et le vaste champ de l'écriture de la voix. En traversant le XXe siècle, ses apparitions éditoriales relèvent autant d'une constante curiosité scientifique pour la reproduction mécanique de la voix que d'un bouleversement des relations affectives aux machines. Couplée à l'histoire de l'inscription graphique de la voix, apparaît alors l'histoire singulière de notre attirance et de notre répulsion envers les objets techniques. Mais de par ses représentations plastiques et son transfert mécanique et technologique, c'est aussi un « ordre-de-la-langue » qui affleure, une politique de la langue qui s'exercent encore dans des formes contemporaines d'assujettissements.
N° 48 : Les lettres électriques
Simon Renaud
Pour penser et comprendre ce que le numérique (informatique) fait à l'écriture, il est intéressant de se pencher sur les origines de ce qui le constitue : le traitement du code binaire. Cette transformation de l'écriture par la machine et son émergence prend ses origines dans les télégraphes et l'avènement de l'électricité au XIXe siècle. La maîtrise de ce phénomène physique convertit notre alphabet en de nouveaux symboles issus de signaux électriques.
Nos écritures initialement adressées et interprétées par l'humain, sont complétées par un code manipulable par la machine. Chacun des deux mondes est intriqué pour qu'un code commun puisse exister. Chacun utilise le symbole lui correspondant, le signal pour la machine et le signe pour l'humain. Ce nouveau code trouve son fonctionnement dans la dimension matérielle des signaux et se base sur le passage ou non du courant électrique. Cette activité minimale lui impose sa forme et, paradoxalement, lui permet de s'en détacher entièrement.
Faire – Regarder le graphisme est une revue critique bimensuelle consacrée au design graphique, qui paraît en librairie au numéro ou sous la forme de recueils de plusieurs numéros. Editée par Empire, la maison d'édition du studio Syndicat, elle s'adresse aussi bien aux étudiants qu'aux chercheurs et aux professionnels, en documentant les pratiques contemporaines et internationales du graphisme ainsi que l'histoire et la grammaire des styles. Chaque numéro propose un sujet unique et tentaculaire, traité par un auteur reconnu.
« Les revues critiques dédiées à l'analyse du design graphique sont malheureusement trop peu nombreuses aujourd'hui, particulièrement en France mais aussi en Europe. Engagés dans une posture analytique et critique des formes et activités du graphisme, Sacha Léopold et François Havegeer souhaitent mener une revue imprimée sur ces pratiques, en agissant avec sept
auteurs (Lise Brosseau, Manon Bruet, Thierry Chancogne, Céline Chazalviel, Jérôme Dupeyrat, Catherine Guiral et Étienne Hervy). Ce choix restreint, lié à la volonté de proposer une expérience au sein d'un groupe ayant déjà mené des projets communs, permettra d'inclure des auteurs internationaux la deuxième année. »