Un manuscrit mystérieux (« retrouvé », édité et présenté par
Alessandro De Francesco), dont la prose, oscillant entre poésie, philosophie et art conceptuel, interroge l'infinité du cosmos et de l'être. Un flux de conscience et de pensée qui se transforme en prose poétique et en réflexion philosophique, sans solution de continuité entre les deux. Une auteure évanescente, immergée dans le contemporain avec des outils conceptuels et un style d'écriture qui rappellent les traités de métaphysique du XXVIIe siècle.
Court traité-poème de métaphysique moniste est un texte hybride, complexe, fuyant et en même temps immédiat, lyrique, passionné, explorant courageusement et ingénument les grandes questions irrésolues de l'humanité et de la nature.
Il y a des gens autour de nous, mais en arrière-fond, comme en deux dimensions, projetés sur les parois du couloir. Nous suivons l'insecte qui vole librement à des hauteurs différentes dans l'espace et autour de nous. Tu as le courage de l'attraper, moi je ne l'aurais jamais fait, par peur de blesser cet être précieux. Tu le tiens un instant entre tes mains fermées en boîte sphérique puis tu les rouvres et il recommence à voler. Un peu plus loin, dans un autre couloir, tu le rattrapes et cette fois-ci le tiens même serré gentiment entre tes doigts, pendant qu'il continue de bouger ses ailes transparentes. Je peux ainsi le regarder de près : il est plutôt grand et charnu pour être un insecte, et entièrement couvert par une fourrure courte et très serrée, de couleur changeante entre bleu et vert brillants. La surface uniforme de son corps bombé et poilu présente toutefois trois bosses, une plus grande, oblongue et centrale vers l'arrière, deux autres latérales au devant, plus rondes, en correspondance des yeux, qui sont cependant invisibles car eux aussi sont totalement couverts par la fourrure bleue-verte. Tu le relâches à nouveau et l'insecte continue son cours. Il y a de l'amour dans l'air.
