José Vicente Anaya ferme sa trilogie poétique en livrant une relecture de l'histoire politique mexicaine à travers les souvenirs de sa propre errance.
Paria ferme la trilogie commencée avec
Híkuri et continuée avec
Pèlerin. En mêlant étroitement vers et prose,
Paria semble vouloir embrasser à nouveau l'errance du poète du nord au sud du Mexique – terre renaissant dans sa langue comme un territoire sacré. José Vicente Anaya, d'un bout à l'autre de sa trilogie, réinvente son expérience, la dit de façon neuve. Là où
Híkuri semblait prôner un dérèglement des sens, dans l'ivresse du peyotl,
Paria, semble-t-il, fait le chemin inverse, cherchant, à retrouver un sol perdu, une réalité rugueuse. L'hommage aux
Petits poèmes en prose de Baudelaire, auquel le poète se livre, aborde, dans le réalisme du récit, les souvenirs de l'errance du poète à travers lesquels il nous livre une relecture de l'histoire politique mexicaine.
« mais où tomber, ici, quand tu ne rencontres que des ruines ?__Les monstres se sont convertis en machines et font la guerre__pas encore__mais depuis leurs repaires en Chine, en Russie, en France, aux États-Unis, en Angleterre, en Israël, au Vietnam, au Cambodge__où cela n'aurait-il pas lieu ? Tous les États lancent des explosions d'êtres humains / montagnes de cris agoniques hurlements pullulants qui languissent en vrillant les oreilles / montagnes / »
José Vicente Anaya (Mexique, 1947-2020) est poète, traducteur (Henry Miller, Allen Ginsberg, Marge Piercy, Gregory Corso,
Antonin Artaud, Carl Sandburg, Jim Morrison…), essayiste et journaliste. Formé à l'Université Nationale Autonome de Mexico, et après avoir pris part au mouvement social et étudiant de 1968, il fut, avec Roberto Bolaño et Mario Santiago Papasquiaro, l'un des fondateurs du mouvement d'avant-garde infra-réaliste.
