Paul Bernard analyse, à partir de l'exposition
Die Welt als Labyrinth organisée au MAMCO en 2018 et dont il était l'un des commissaires, l'expérience avortée d'une exposition des Situationnistes qui aurait dû avoir lieu au Stedelijk Museum d'Amsterdam en 1959. Cet essai tente de compléter et de reconstituer par les écrits des membres du groupe de l'
Internationale Situationniste, leur rapport ambivalent avec le format de l'exposition, le musée et l'institution.
« En 2018, le Musée d'art moderne et contemporain de Genève (MAMCO) a présenté
Die Welt als Labyrinth, une exposition dédiée aux premières années de l'Internationale situationniste (I.S.) et aux divers mouvements dont cette dernière est issue. Conscients de la complexité́ d'un tel projet, nous avons commencé à y travailler un an auparavant par la constitution d'un comité curatorial (composé de
Lionel Bovier, Gérard Berréby, Julien Fronsacq,
John M Armleder,
Mai-Thu Perret, Swana Pilhatsch-Morenz et Luca Bochicchio) nous permettant d'entrer rapidement en contact avec un réseau de spécialistes. Pour ma part, j'ai pu me rendre à Paris, Albissola, Prato, Venise, Berlin, Amsterdam, Copenhague et Silkeborg en l'espace d'une année pour rencontrer des collectionneurs, des historiens, des conservateurs et des artistes liés plus ou moins directement à l'I.S. La quasi-totalité de ces rencontres ont été passionnantes, bienveillantes et même franchement sympathiques. Mais il y a également eu quelques rictus méprisants de personnes jugeant notre projet au plus haut point lamentable. Comment en effet concevoir une exposition sur les situationnistes sans dénaturer le sens de leur action ? »
Paul Bernard est directeur du Centre d'art Pasquart à Bienne. Il a été conservateur au
MAMCO, Genève, de 2013 à 2022.