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Comme toutes les expositions pour lesquelles, depuis 1989, j'ai revendiqué tour à tour le statut d'organisateur, de commissaire, puis d'auteur, ce cycle en trois parties, que vient achever Coollustre, explore diverses questions relatives à la notion même d'exposition.
La méthode est la même pour les trois expositions de ce cycle : un choix précis d'œuvres de ces quarante dernières années, certaines connues du public français bien souvent simplement par le biais de reproductions, d'autres plus inédites, sont présentées par petits ensembles volontairement narratifs, certains spectaculaires. Le caractère figuratif, (et plus exactement, dans le cas de Coollustre, “réaliste” de ces œuvres), permet au spectateur, dans chaque salle, de former un récit. Ce “récit”, qui n'interdit aucunement l'appréciation de chacune des œuvres individuellement, est en somme une proposition de situation temporaire, qui ne s'appuie pas derrière un alibi thématique, générationnel ni géographique. Il est pourtant la raison d'être de l'exposition. C'est l'idée même de collection qui est en jeu ici – la “Collection Lambert en Avignon” offre à cette expérience un cadre logique. Cette exposition se présente en effet aussi comme une collection temporaire, interrogeant au passage les questions d'accrochage et de display.
Comme un film, l'ensemble de ces récits (qui sont autant de scènes) compose une histoire.
Ainsi l'exposition se construit-elle tout au long d'un parcours qui conduit le visiteur dans l'ensemble des salles de l'hôtel de Caumont. Chaque moment de ce parcours a été scrupuleusement pensé, depuis son introduction jusqu'à sa conclusion.
Il a été mis en œuvre, aussi, au gré des contraintes aujourd'hui extraordinairement multipliées qui pèsent sur celui qui veut “faire exposition” : des contraintes dont il n'est pas vain de rappeler que c'est le marché qui les structure. Malgré la stupéfiante expansion de ces contraintes, Coollustre est (du moins je le pense à l'heure où j'écris, tandis que l'exposition n'a pas encore eu lieu), probablement le spectacle le plus ambitieux et le plus abouti de ce cycle.