Editorial
« De la dessin et du peinture »
(p. 5)
Nombreux sont les artistes de cette nouvelle livraison de
Roven à se trouver à la lisière du dessin et de la peinture. Où situer cette frontière ? Faut-il
d'ailleurs la définir ? Si la question n'est pas toujours abordée frontalement,
elle court tout au long du numéro, en particulier au regard du travail de
Julie Mehretu, de Michel Herreria, de l'extrait de texte de Cornelis Pietersz. Biens,
des gouaches d'Émilie Satre ou des dessins de Nicolas Muller. Elle se pose également dans l'ensemble du dossier thématique, consacré aux liens entre
dessin et machine, et plus littéralement à travers les machines à dessiner et à
peindre de
Jean Tinguely.
Pour certains artistes, le dessin ne sera qu'une étape préparatoire : celle du
croquis, de l'ébauche ou de l'étude. Pour d'autres, c'est l'outil choisi, le support,
le temps passé, le rapport au trait, à la couleur, à la ligne ou à l'écriture… qui va
déterminer le statut de l'œuvre.
Roland Topor disait que « peinture et dessin
sont des notions vagues, chargées de souvenirs culturels contradictoires,
imprécis, inscrites dans un contexte économique bien précis ». Il poursuit : « C'est le marché de l'art qui donne à ces deux étiquettes floues leur
véritable définition soi-disant objective
(1). » Marché de l'art ou pas, ce flou est
passionnant, toujours surprenant et, surtout, il permet aux artistes de garder
une liberté étonnante.
Johana Carrier et
Marine Pagès
1.
R. Topor,
Dessins Paniques, Paris, Hazan, 2004, p. 178.