Une grande première
Sylvie Amar
Hasard des rencontres ou maturité du processus ? En près de quinze années
d'exploration de l'action
Nouveaux commanditaires sur notre territoire Grand Sud, les
Musicollages sont la première commande musicale à laquelle le
Bureau des compétences
et désirs a été confronté en tant que médiateur.
En l'occurrence, je crois plus à la maturité qu'au hasard : en effet, les
Nouveaux commanditaires sont naturellement à l'écoute de toutes les formes de demande artistique, mais la commande est historiquement un genre pérenne qui s'incarne volontiers dans les arts visuels. La musique et le son, des plus traditionnels aux plus expérimentaux, sont loin d'être absents de ce champ, mais ils le traversent plus qu'ils n'en sont le centre. Leur caractère éphémère nous les rend complexes à inscrire dans un temps autonome. Et si les supports d'enregistrement apportent des solutions, ils n'en restent pas moins entre nos mains des objets muets, figés dans l'attente de conditions d'écoute minimum pour être activés.
Alors, quelle pouvait être la nature d'une commande musicale contemporaine émanant d'un lieu d'enseignement de la musique, portée par une direction (musicienne elle aussi) et des professeurs (artistes également) ? Que voulait-on donner à entendre et à voir, quelle ligne artistique allait se profiler, quelle brèche allait-on ouvrir entre enseignement et création ?
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Les Musicollages, un parcours
Jacques Siron
Il existe un vrai projet pédagogique à la Cité de la Musique de Marseille, un projet nourri de réflexions et de pratiques. Elle est un lieu où l'on parle de ce qu'on fait, sans dogme ni discours ronflants, mais avec de vrais objectifs. Et on se donne les moyens d'avancer : stages, formation continue, projets particuliers, créations, résidences d'artistes invités. Lorsque en 2007, on m'appelle à la Cité pour donner un stage sur l'improvisation pour la formation continue des enseignants de jazz, je me sens d'emblée à la maison : nous parlons un langage proche et nous convergeons dans beaucoup de domaines. En 2008, je suis réinvité pour improviser avec les enseignants de musique classique.
L'année suivante, on me fait l'honneur d'une commande de composition pour 2010. Dans le cahier des charges, le groupe des commanditaires exprime ses désirs : une composition devant être novatrice, facilement accessible, mélangeant diverses expressions artistiques, tenant compte des pratiques de la Cité. Pas entièrement formulée, il y a une aspiration vers un « autre chose » à inventer.
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