Éliane Radigue (née en 1932 à Paris) peut être considérée comme l'une des compositrices contemporaines les plus innovatrices, originales et inspirantes, depuis ses œuvres musicales électroniques pionnières à la fin des années 1960 jusqu'au travail acoustique développé avec les sons d'instruments classiques depuis les années 2000. Influencé par la musique concrète (Éliane Radigue fut élève de
Pierre Schaeffer puis assistante de
Pierre Henry), le minimalisme américain et le bouddhisme, formé par des séjours réguliers aux États-Unis où elle découvre les synthétiseurs analogiques, son travail déploie une intensité à la fois monumentale et fragile. La musique d'Éliane Radigue est délicate, calme, lente, à la limite de l'immobilité. Elle a pour caractéristiques un son continu et un volume plutôt bas, le silence constituant le point de départ du son. Les pièces sont longues, les développements microscopiques des interactions subtiles entre les phénomènes (les microbattements naturels entre les fréquences qui remplacent la rythmique ou autres formes traditionnelles d'organisation sonore) s'inscrivant dans une temporalité propre.
Grâce à ses réflexions profondes sur la vie intérieure du son, l'écoute et les mécanismes de perception auditive, c'est non seulement sa musique,
mais aussi ses méthodes de travail méticuleuses (consistant majoritairement à enregistrer et à mixer sur bandes magnétiques des sons produits par synthétiseur modulaire), qui ont forgé un ensemble de nouveaux paramètres pour travailler le son en tant que matériau musical. Éliane Radigue s'est vue décerner le Giga-Hertz-Preis 2019 pour son œuvre de « visionnaire de la musique électronique ».