Le courant des musiques industrielles, apparu au milieu des années 1970, loin de s’en tenir à un phénomène d’expérimentation sonore, a produit en quelques années une culture visuelle globale croisant de nombreuses pratiques artistiques (collage, mail art, installation, film, performance, son, vidéo), dans un dialogue étroit avec l’héritage de la modernité et sous l’emprise croissante des technologies. Ce phénomène britannique amorce un mouvement qui connaît un grand développement en Europe, aux États-Unis et au Japon durant les années 1980. Élaboration de synthétiseurs, manipulation et transformation de sons enregistrés issus de bandes audio, recyclées ou conçues par les artistes, les expérimentations sonores déployées par les groupes industriels viennent enrichir un éventail de productions visuelles radicales, prenant leurs sources dans les utopies modernistes de la première partie du XXe siècle. Cette conférence présentera la façon dont certains groupes industriels se sont emparés des controverses autour du contrôle des esprits par le son, pour envisager l’expérimentation sonore comme un outil performatif d’une révolution électronique agissant sur le corps des affilié·e·s.