Préface (p. 7-21)
Rééditer Fourier suppose une certaine foi en la curiosité des lecteurs
et même en une curiosité maligne, un irrespect que les arrêts de
« conciles » inaccessibles et de leurs porte-voix, n'ont pas réduits. C'est
offrir à ceux qui vont « flairer » à l'écart, la pensée d'un auteur qui se
targue précisément du « doute et de l'écart absolus », et qui fonde, en
effet, la transformation sociale en un lieu, le sous-sol affectif et actif, où
nul révolutionnaire ne s'est jamais aventuré.
Des contradictions du désir et du rêve le plus singulier des utopistes
tire un sens et des lois nouvelles. Il applique la rigueur et la mesure au
délire passionnel. Il montre la raison naissant de l'activité sensible, traversée
d'un mouvement qui la précède et qui la dépasse, comme il
précède et dépasse tout être. En deça des corps et des formes visibles « le
rêveur phénoménal »
(1) prétend remonter à la source des choses, mais son
originalité ne tient pas seulement à cette vision d'un dynamisme primordial
: il voit vibrer, en tout élan de la vie, des rythmes et des nombres. L'émergence
de cette « justice » (ou justesse) mathématique, unie au plein
essor des poussées actives fait virer le fond actuel des choses. Alors le
concret tout entier change de corps et les oppositions de l'illusoire et du
réel tendent à s'inverser. Le calcul des destinées, fondé sur l'alliance de
la préfinalité mathématique et des intentions affectives ou des possibles
du désir, ne change pas les seules formules du monde mais les matériaux
mêmes qui nous sont donnés.
C'est pourquoi quand « après trente ans d'études » Fourier cherche,
dans le
Nouveau Monde Industriel et Sociétaire, à donner un résumé de
sa doctrine, il commence par un exposé succinct de la théorie des groupes
ou des séries passionnées. « Là est l'objet important », écrivait-il à
Just Muiron : puisque la mesure est coextensive au juste développement des forces actives, la théorie mathématique de l'univers et des sociétés
fait jouer tous les mouvements spontanés. Découvertes à travers les
impulsions naturelles et non conçues et appliquées de l'extérieur, les
règles ne sont jamais répressives. La justice mathématique, certaine et
indépendante des forces créatrices (et de Dieu même), n'est pas moins
emportée par le dynamisme universel et notamment par le mouvement
type et modèle de tout autre mouvement, celui des passions en société. La
science se fait totalement révolutionnaire car elle donne faveur au
moindre élan du désir et jusqu'aux aberrations, aux manies les plus
bizarres, excessives, ridicules ou odieuses, pourvu, toutefois, qu'elles ne
se développent pas isolément mais en liaison avec les autres mouvements.
La théorie sociétaire suppose une appréhension de l'unité, mais elle
ne s'étaye pas d'une seule effusion romantique. Le lyrisme est uni au calcul
et à une épistémologie. Tout savoir, selon Fourier, a des racines passionnelles
; les plus hautes activités intellectuelles ou spirituelles restent
toujours entées sur l'existence réelle, sans qu'il y ait jamais place pour
un pur sujet pensant, qui réduirait à sa mesure la nature intérieure et extérieure
et qui, par excès de liberté abstraite, tendrait à déterminer les subjectivités
concrètes elles-mêmes, comme des choses. Le mouvement des
passions sensitives et affectives est la condition de tout accès au monde ;
il sous-tend la connaissance et le respect de l'autre différent.
S'il rapporte le devenir universel au mouvement le plus noble, le mouvement
social, le rêveur cosmique ne conçoit pas nos intentions comme un
domaine à part et exclusif. Révélant notre influence, nos pouvoirs exorbitants,
négatifs ou positifs, il ne cesse pas de les relier à la « nature » et
c'est à elle qu'il emprunte l'image rayonnante de la révolution sociale :
or « la hideuse chenille changée en brillant papillon est l'emblème de la
dégoûtante civilisation métamorphosée en Harmonie universelle ». Cette
mue merveilleuse de la chrysalide enclose est à la fois exceptionnelle et
révélatrice. Elle atteste, et dans la nature même, un moment d'hésitation
entre plusieurs voies possibles, « l'essor chenille faux et subversif, et l'essor
papillon juste et harmonieux ». Elle est la figure éminente de toutes
les transitions, qui participent directement de la puissance créatrice.
Unissant à leur origine des « extrêmes divergents », les « ambigus ou
mixtes » garantissent l'unité et les différences la continuité et les transformations
illimitées. C'est pourquoi « la nature les prodigue en toutes
ses créations, comme on le voit par les amphibies, l'orang-outang, le
poisson volant, la chauve-souris, l'anguille et tant d'autres dont le plus notable est la chaux, lien du feu et de l'eau », ou encore par les caractères
« hybrides caméléons, protées ou girouettes », et par les passions ambiguës
« qui engrènent de l'une à l'autre ». Mais « les philosophes nous
enseignent que l'accord ambigu est trivial, inadmissible ». Ils ignorent
l'emploi des caractères et des goûts mixtes et, par exemple, du saphisme,
du pédérastisme et de l'inceste (sublime)
(2) qui relient l'amitié ou le famillisme
et l'amour, tout de même que « le dévouement des Pères de la
Rédemption ou des Sœurs hospitalières relie l'amitié et l'unitéisme.». La
philosophie ne sait pas reconnaître la fonction commune des transitions
triviales ou sublimes dont Fourier utilise sans peur l'efficacité destructrice
et constructive.
Pour faire basculer l'édifice civilisé il s'appuie sur les interstices du
réel, sur les écarts ou exceptions. Il recourt à l'anormal pour mieux saisir
et réanimer les mécanismes du normal bien plus, pour opérer les jointures
du Nouveau Monde. Les ambigus s'opposent par définition à tout
absolu. Ils fondent la systématique sérielle qui ordonne et harmonise les
échanges, la circulation entre les différents niveaux du réel, les liens des
individus entre eux et, dans l'individu, le juste rapport des passions.
Fourier renverse les principes de l'ordre civilisé mais il s'inscrit aussi
résolument contre la simple révolte du désir solitaire, aussi loin du délire
de Sade que des lois morales. L'obsession passionnelle, et plus précisément
érotique, débouche avec lui sur la lucidité révolutionnaire, du seul
fait qu'il révèle des liens méconnus dans le prétendu anormal. Les passions
ambiguës désorientent les institutions civilisées, désorganisent la
société traditionnelle, mais elles constituent « les chevilles de la charpente.
» d'un Nouveau Monde régi par des lois différentes issues des
revendications les plus profondes de la sensibilité individuelle. À la fois
cause et produit le mal est un malentendu : les visées singulières du désir
refoulées et méconnues, « privées même d'essor idéal », dévient en actes
délictueux. La violence et l'injustice naissent des répressions et de l'isolement
ou d'une liberté sans contrepoids. Elles ont même racine que
l'Harmonie et la Justice ; elles procèdent des mêmes forces, mais inconscientes
de leurs propres conditions et de leurs véritables buts. En effet, nul
individu, si puissant soit-il, n'est le seul acteur de sa vie. Les plus grands
caractères, « les rois et les reines de passion », ou les maniaques
étranges ne réalisent jamais ce qui les distingue, s'ils ne reprennent quelque proposition du monde. Les passions transcendantes ou bizarres
sont des intentions et comme telles se réfèrent à l'être extérieur. Seulement
le maître tyrannique, ou le héros sadien rapportent à leur moi tous les
objets. Ils vivent dans la mauvaise foi, la relation à l'autre ; ils projettent
sur le plan passionnel l'appropriation abusive du savoir ; Fourier renvoie
l'une à l'autre les positions inverses de la philosophie pure et du désir forcené,
car elles vivent également d'exclusions et de négations et elles
butent sur l'impossible ou sur l'échec. La connaissance cherche éperdument
à s'établir en une région supérieure, mais elle ne peut expliquer les
choses sans affronter leur étrangeté réelle, elle engendre, dans son cours,
ce qui doit ruiner le projet initial d'une domination absolue, et pourtant
si elle ne sait pas comprendre ses origines et les limites de son emprise,
elle peut être engloutie et la civilisation qui la fonde, par un retour en
boomerang de ses activités imprudentes, inattentives aux équilibres naturels
complexes. Quant aux passions « ignobles », ou qui agissent isolément,
elles se nourrissent de tortures, d'humiliations et finalement de
cadavres. Là encore, le héros est écrasé par ce qu'il a mis en œuvre, il
subit, à terme, la loi d'un partenaire devenu plus puissant
(3). Les systèmes
opposés du savoir et du désir séparés vont aussi sûrement à l'abîme :
« le globe, écrit Fourier, est en péril imminent ».
Il ne se contente pas, d'ailleurs, de comparer le désintéressement illusoire
de la science et la violence des passions en essor subversif, il montre
leur collusion effective. Les réussites de la science et les « prodiges industriels
qu'elle permet », sont détournés par les maîtres du pouvoir. Les
savants sont des « coopérateurs dupes » et jouent « le rôle du chat de la
fable qui tire les marrons du feu »: ils n'entrent « dans aucun partage des
bénéfices » mais ils servent la violence dont leur savoir participe, car les
prétentions abstruses ou orgueilleuses faussent l'appréhension des
choses, de soi-même et d'autrui. Puisque le sujet se révèle, dans ses plus
hautes activités comme dans ses manies les plus secrètes, à partir des
liens qu'il noue, la fonction de synthèse psychique est continûment jointe
aux mouvements des passions.
Les systèmes, qui fondent le savoir sur une pensée toute libre et active
et l'histoire individuelle et sociale sur le moi, ignorent l'orientation et la
signification de notre « nature intentionnelle », indissolublement active et
passive. Ils raisonnent à partir de « la contre-marche » du mouvement vrai ou de « 1'unitéisme », souche et but de toutes les passions, et qui tend
à unir l'individu à des éléments toujours plus nombreux.
Puisque c'est entre les hommes et les choses, par le jeu réciproque des
attractions que les singularités les plus rares ont chance de se réaliser,
l'unité et les différences, l'individu et la société ne sont pas antinomiques
mais solidaires. Le sujet est faussé, décentré, séparé de lui-même, comme
de la nature et d'autrui, s'il réprime ou aliène une partie de ce qui constitue
sa structure complexe, celle-là même dont Fourier imagine la composition
réglée. Enracinant le devenir au foyer passionnel il prétend utiliser
totalement l'énergie du désir, conçue comme dérivée de l'énergie universelle,
mais qui, par sa force éminente d'intégration et de cohésion, donne
consistance et valeur à l'être extérieur, tout de même qu'elle en fait affleurer
les lois cachées.
« Les sciences devaient suivre leurs préceptes d'explorer en entier le
domaine de la nature, étudier l'homme, l'univers et Dieu ». Mais il fallait
mettre à sa place, la première, l'étude de l'homme, car la découverte progressive
de nos intentions fait lever corrélativement l'inconnu des choses.
« Au lieu de critiquer en détail nos attractions, il faut les étudier dans leur
entier, dans leur ensemble en application à des masses nombreuses ».
Alors on reconnaît que les transitions ou exceptions, bien que toujours
minoritaires (Fourier les chiffre à 1/8ème), ont une fonction structurale
essentielle. Prises dans la trame des rapports positifs elles constituent les
maillons les plus serrés ou les véritables règles d'un système en mouvement,
dont les éléments sont des relations actives et non des objets figés.
Puisque les exceptions relient des goûts ou des caractères divergents, et
renouvellent sans cesse la forme des « désirs insatiables », elles garantissent
la validité d'une théorie des plaisirs composés et excessifs, que ne
ruinent nulle discorde absolue et nulle satiété. « Sans exception, dit Fourier,
on tombe dans le despotisme en politique et la monotonie en plaisir. »
Les variantes passionnelles sont les gages de la liberté et du bonheur,
deux concepts liés puisque la liberté se confond avec l'exploration exaltante
de pouvoirs inconnus. L'aventure révolutionnaire se fait alors passionnée
et passionnante. Elle triomphe de l'injustice et de la violence car
elle met en jeu, pour les repousser, ce que les individus ont de plus intime,
leur énergie initiale justement orientée à partir des sources les plus profondes,
et par là-même les plus puissantes.
« L'attraction passionnée étant l'impulsion donnée par la nature antérieurement
à la réflexion, et persistante malgré l'opposition de la raison du devoir et du préjugé », il ne sert à rien de la réprimer ; on la fausse
sans la détruire. La morale n'engendre qu'« indigence, fourberie, oppression,
carnage », car les passions, privées de leur juste essor, n'en restent
pas moins actives et sous le couvert des beaux principes civilisés dévient
en actions « récurrentes et subversives ». Les plus cyniques d'ailleurs, et
les plus avisés, les Tibère, les Néron ou les maîtres de l'industrie moderne
se rient des lois morales et s'entendent fort bien à intercepter les révoltes
ou les rêves obscurs du grand nombre pour les utiliser au profit de leurs
entreprises de conquête et d'exclusion. Les grands caractères, et les criminels,
résistent seuls à la mystification générale. À l'écart absolu ils
indiquent comment détruire et reconstruire. Mais leurs actions demeurent
marginales tant qu'on ne sait pas les « composer » avec les intentions
plus communes, tant que l'on n'a pas reconnu le rôle de toutes les exceptions
ou transitions. Or « nos perfectibiliseurs, sous prétexte de s'élever
à la hauteur de la philosophie, veulent proscrire certaines fonctions qu'ils
disent triviales et dont l'absence fait avorter les fonctions nobles. » Imitant
niaisement la férocité des belles âmes qui avilissent les puissances
inférieures, ils ignorent que le bas et le transcendant, le matériel et le spirituel,
le trivial et le sublime communiquent. Si « l'attraction est le moteur
de l'homme et de l'univers, il faut l'étudier en tous ses détails ». Alors on
constate que les passions grandioses ou les fantaisies minimes les plus
rares requièrent la socialité la plus vaste : les maniaques exceptionnels
qui s'en vont trouver leurs répondants ou leurs « comaniens », aux antipodes
jouent le même rôle que les grands caractères unitéistes.
Fourier développe ainsi avec cohérence le projet paradoxal d'une
réalisation intégrale de toutes les nuances du désir. Il ne fallait que savoir
transposer dans les sociétés l'équilibre actuel dans l'univers « des forces
centripètes et centrifuges ». Or la théorie sociétaire « ouvre la voie de ces
équilibres si vainement rêvés par la philosophie », car « le mécanisme de
répartition » de l'Harmonie « a la propriété d'absorber la cupidité individuelle
dans les intérêts collectifs de chaque série et de la phalange
entière, et d'absorber les prétentions collectives de chaque série par les
intérêts individuels de chaque sectaire dans une foule d'autres séries ».
Pour être reliés les harmoniens ne sont pas agglutinés. Les diverses structures
auxquelles ils participent ne captent pas sans reste leurs pouvoirs de
rayonnement, mais en chacune d'elles ils trouvent leurs passages et précisent
leurs différences. La vie subjective et la vie communicative s'échangent
ainsi sans limite et relancent continûment le mouvement.
Avec de telles prémisses l'utopiste ne vitupère pas moins l'économisme
que les prétentions philosophiques. Davantage : l'industrialisme
étant « la plus récente de nos illusions scientifiques et la plus accréditée
», c'est elle qu'il faut réfuter avant même d'entrer en matière ». «
La manie de produire confusément, sans méthode en rétribution proportionnelle,
sans garantie pour les producteurs ou salariés de participer à
l'accroissement des richesses », autrement dit, « le cercle vicieux de l'industrie
est si bien reconnu que de toutes parts on commence à la suspecter
et s'étonner que la pauvreté naisse en civilisation de l'abondance
même ». Fourier s'indigne que l'on rive « de jeunes enfants à l'attache »,
que « l'on assassine les ouvriers du seul fait de la continuité du travail »,
dans les manufactures insalubres, et il voit fort bien que pour métamorphoser
cet ordre inique, il ne suffit pas de rationaliser la production, ni
de mieux répartir les biens, il « faut appliquer à l'industrie toutes les passions,
caractères goûts et instincts ». Certes « les fonctions industrielles
sont primordiales » mais on ne saurait attendre des seuls changements
matériels ou économiques un changement spirituel et la transformation
radicale des rapports sociaux. Car les forces spirituelles ou passionnelles
existent d'ores et déjà et jouent avec ou même sous les rapports du travail.
Si l'on ne sait pas réorienter le mouvement du désir, en même temps
que l'on renouvelle les structures économiques, l'essor subversif des passions
se prolongera sous de nouveaux masques. « Le problème est d'associer
non seulement les facultés pécuniaires et industrieuses… mais
d'associer les passions, caractères, goûts, instincts ; de les développer
dans chaque individu sans froisser la masse ; faire éclore dès le bas âge
les vocations industrielles qui sont nombreuses chez l'enfant, placer chacun
aux divers postes où la nature l'appelle ». Tout homme, en effet, est
esclave « s'il n'est pas au rôle que la nature lui assigne ». Or cette nature
n'est pas simple, mais composée et elle n'est jamais totalement accomplie.
Par conséquent « s'il est nécessaire de connaître les mécanismes de
haute harmonie, il faut en déterminer les réductions afin de ne pas devancer
le mouvement et causer par impatience l'échec de la révolution ».
Fourier, en ce livre tardif, tempère son enthousiasme : il prévoit des issues
de civilisation moins brillantes que l'Harmonie, « garantisme ou socialisme
; surtout il s'attache à former les générations futures.
« Les enfants sont la seule classe sur laquelle on puisse faire d'emblée
un essai de plein essor de l'attraction. » Leur spontanéité, en effet, n'a
pas été déviée. D'autre part ils sont « hors d'emploi » des deux passions, amour et famillisme, dont la liberté prématurée conduit à l'anarchie et
aux « orgies crapuleuses ». Afin cependant de ne rien laisser subsister qui
ait été subi, il faut commencer l'éducation à la naissance. Des dispositions
commodes allouent sans danger aux bébés le plein exercice du
corps. Réunis par groupes d'affinité, mais séparés par des filets, les nourrissons
et poupons se voient, s'appellent et se répondent sans se nuire. Ils
se forment par un jeu de miroirs vivants, tandis que des bonnes et bonnins
passionnés satisfont leurs besoins ou leurs désirs, et suppléent ou compensent
les Mères, dont l'amour abusif, contrepartie de l'ennui civilisé,
fausse le développement de l'enfant. Plus tard les « mentorins et mentorines
» décèlent les vocations de chacun. Pour mieux voir éclore les goûts
divers on élève les enfants au grand air du monde. Ils circulent parmi les
jardins et les manufactures et disposent d'ateliers miniatures. Les premières
études, « appliquées directement aux travaux » et aux plaisirs, sont
recherchées passionnément. Tandis qu'en civilisation « les professeurs
sont aussi ennuyés de donner l'enseignement que les enfants de le recevoir
», on sait créer, en Harmonie, « une double affinité du maître et de
l'élève pour eux personnellement et pour l'objet enseigné ».
Aucune impulsion n'étant déterminée quant à son cours, ni à ses buts,
il s'établit une dialectique entre les goûts et les activités utiles, mais cette
plasticité à des limites. L'intérêt de la notion de « nature intentionnelle »
élaborée par Fourier est précisément de comprendre, à la fois le devenir
social historique et la mesure humaine à conserver. Si, actuellement, « les
colifichets de l'industrie contribuent fort peu au bonheur des riches », une
plus large distribution ne saurait satisfaire les masses. Contre l'emportement
d'une production et d'une consommation effrénées et sans joie, Fourier
s'efforce de promouvoir les vrais biens, le luxe pour les cinq sens, le
libre essor des rivalités et des liens affectueux. Il s'appuie sur la gourmandise,
« l'instinct le plus répandu et le plus durable », pour élever la
qualité des produits. Participant aux travaux des cuisines les enfants
apprennent à distinguer leurs goûts, à préparer et apprécier des mets
variés, simples ou délicats ; « quand tous seront initiés aux raffinements
gastronomiques, chaque pays sera couvert de productions exquises, car
on ne placerait point les médiocres » et cette délicatesse sensuelle s'étendra
aux créations de l'art. « Comment, en effet, raffiner en lettres et en
art des gens grossiers sur la branche fondamentale de subsistance ? »
La science sera de même rattachée aux besoins et aux actes. Tandis
que les civilisés, victimes des connaissances abstraites se fient à des outils et laissent dégénérer leurs sens, l'éducation harmonienne rendra aux
enfants l'acuité visuelle des sauvages, ou « la finesse d'ouïe des rhinocéros
et des cosaques », elle favorisera par là-même le contact direct avec
les choses et l'inconnu naturel qui échappe aux prises de l'intelligence.
« Il ne faut pas croire, dit Fourier, la nature bornée aux moyens connus. »
Mais pour en pénétrer les secrets et développer les virtualités, il faut
savoir appréhender les rythmes cachés et résonner à l'unisson du monde.
À l'Opéra, par les chants, la danse et les jeux de la scène, les enfants
apprendront l'harmonie matérielle qui est « voie de l'Harmonie spirituelle
et sociale car il y a affinité entre le matériel et le spirituel ».
C'est ainsi que sans forcer la nature, en appliquant « la règle de substitution
absorbante ou l'art de remplacer une passion nuisible par une
activité utile et agréable », on laisse éclore tous les germes et jusqu'aux
goûts les plus singuliers de l'enfance, entre autres la manie de deux tiers
des petits garçons et d'un tiers des filles qui, malgré toutes les défenses,
« aiment à se vautrer dans la fange et braver les intempéries et les dangers
». En Harmonie, ils rempliront le rôle des parias, ils préviendront
« le mépris qui s'attache aux fonctions répugnantes, pour les sens ou pour
l'amour propre », et ils seront honorés selon leur bienfaisance ; après
leurs travaux, lavés, parfumés et revêtus d'oripeaux éclatants, comme un
« carreau de tulipes », ils « défileront en orage », montés sur des chevaux
nains, au premier rang des parades. Les enfants plus délicats, les savantins
précoces et les filles occupées de parures, cultiveront les fleurs des
jardins et celles du bel esprit.
Ces deux groupes, les petites hordes et les petites bandes, donnent les
séries principales en éducation. Par elles, dès l'adolescence, les instincts
masculins et féminins entrent en concurrence et ne paraissent plus tant
opposés que complémentaires. La prééminence des petites hordes composées
en majorité de garçons s'inverse d'ailleurs dans la transition suivante
car la corporation vestalique qui assure le passage de l'enfance au
monde adulte est en majorité féminine. S'imposant un délai avant le libre
exercice de l'amour, cette jeunesse d'élite, par la négation momentanée
des ressorts sensuels, accède au monde de la culture : on l'initie aux plus
hautes études, aux arcanes de l'analogie et « du code divin ». Images
radieuses de la maîtrise de soi et de la puissance des « sentiments transcendants
», les vestales et les vestels répondent au « besoin de l'esprit
humain qui veut des idoles en tous genres. Ils ont rang de corporation
divine, ombre de Dieu » et les petites hordes ou « milice de Dieu et de l'unité universelle qui n'accorde le premier salut à aucune puissance de
la terre incline ses drapeaux devant le corps vestalique et leur sert de
garde d'honneur »
(4).
Quand arrive l'heure de l'amour « la plus belle des passions » et la
plus puissante n'agit donc pas « sans contrepoids ». Parce qu'on a laissé
mûrir le corps et l'esprit des « enfants et qu'on les a formés à la justesse,
ils sauront composer l'amour avec les autres passions et projeter sa
flamme en tous les domaines ». Et cependant Fourier, dans le Nouveau
Monde Industriel ne traite guère ce point essentiel. Contraint d'abréger
pour être imprimé il dut encore passer sous silence ce qui pouvait « heurter
les consciences ». Mais, s'il résume l'aventure errante de sa pensée et
s'il omet les analyses ultimes de l'amour, il ne sacrifie rien.
Son obsession érotique contenue perce en quatre brefs passages, qui
furent d'ailleurs supprimés dans la seconde édition et que j'ai rétablis
selon le texte original
(5). Trois de ces « lacunes obligées », exposent des
« ralliements d'amour » : on y voit comment « l'antipathie naturelle en
amour » entre le jeune Valère et Urgèle âgée de 80 ans « est absorbée par
deux liens amicaux et deux liens fédéraux » ; c'est une application de
« l'algèbre d'amour ». Sur la plus petite combinaison possible bornée à
deux personnes, Fourier montre comment un rapport négatif peut devenir
positif par la méthode du problème résolu, dans le champ d'hypothèses ou
de principes différents, il nous présente des relations inédites et l'on comprend
du même coup d'où procède la subversion du système scientifique
militant qui régit l'Harmonie : d'une première subversion du langage
naturel – Fourier parle ici « de l'algèbre d'amour » comme dans Le Nouveau
Monde Amoureux du « système des amours » ou du « système des
petits pâtés (mirlitons) et des crèmes fouettées ». Unissant le plus abstrait
au plus concret, au plus trivial ou ridicule il vise, avec un humour qui se
dérobe sous l'emphase grotesque, à démystifier les prétentions philosophiques.
Ses expressions, oscillant d'une région de l'être à son « extrême
divergent », manifestent un décentrement qui résulte de la folie ou d'une
pensée située hors de ce que l'on appelle pensée, aux points de jonction
transitoires des mouvements du sujet et de ses objets. Au large des
contraintes artificielles, porté par les intentions sensibles et affectives,
qui rendent l'isolement, et celui même de la pensée, centrée uniquement sur elle-même, impossibles, le prétendu dément découvre une logique des
relations mobiles et il nous livre les assises ironiques de l'ordre et des raisons
d'harmonie.
Le mouvement passionnel est pivotal en tant que résonateur universel.
Les pouvoirs actifs sont à la mesure des facultés de réception, ils requièrent
la nature et autrui, ils fondent la mise en relation des niveaux différents
du réel et comme un statut métamorphique universel. Si donc
l'homme est au centre, ou foyer, des autres mouvements, il est aussi continuellement
décentré, tendu ou attiré hors de soi et les lois de constitution
de son être sont analogues à celles de ses objets, d'où l'emploi de termes
généralement réservés à un certain domaine du réel pour caractériser un
autre domaine, et l'emploi d'un même terme à des niveaux différents de
l'être. Les acceptions singulières de Fourier, les connexions étranges de
mots supposent une vision originale du monde, dont les effets se prolongent
jusque dans le système sériel. En effet, des analogies expressives ou
des métaphores ouvertes, qui chevauchent les règnes et transgressent les
hiérarchies, le calculateur passe, sans solution de continuité, à la codification
formelle. Au terme de la liaison métaphorique, ou de la substitution
analogique, l'image se fait symbole, situé parmi d'autres symboles,
organisés les uns par rapport aux autres selon des règles : les différents
pivots, par exemple, sont représentés, à l'intérieur des séries par les
signes Y ou X, les transitions par K ou T et les autres caractères par des
chiffres. Les symboles ainsi constitués assurent la maniabilité des termes
à composer. Mais ils gardent, des analogies sensibles d'où ils procèdent,
une certaine épaisseur sémantique.
De l'expérience vécue à laquelle son langage adhère, Fourier passe
au calcul ou à la raison en évitant l'isolement d'une réflexion fermée sur
elle-même. Puisque le rapport à soi et au savoir ne peut être dissocié du
rapport à l'autre, il ne doit jamais être seul privilégié. Au niveau systématique
comme à celui de la vie spontanée les relations sont affirmées et
calculées avant que ne soient définis les sujets qui les nouent, et cela non
seulement parce que ces relations sont plus faciles à connaître, mais
parce que les sujets dans leur réalité singulière n'existent que par elles.
Autrement dit les individus sont les termes intentionnels d'une combinatoire
en devenir et leur actualisation progressive dépend du cours total
des sociétés et de l'univers. La pensée mathématique dépasse ainsi toute
subjectivité transitoire et celle de l'auteur lui-même. Elle est une pensée
cosmique : la pensée du mouvement et du temps. « Il y aura encore beaucoup à dire après moi » reconnaît Fourier, superbe. La systématique
sérielle, en effet, ne saurait être close ; elle va dans le sens de ce qui se
prépare, elle précise l'intuition prémonitoire ou poétique des puissances
du désir qui tendent à se frayer passage et l'étrange analyste a si bien
pénétré leur mouvement et leur avenir que ses revendications sont désormais
passées dans les masses ou, du moins qu'elles sont devenues les passions
collectives de certaines minorités, d'une jeunesse qui remet tout en
cause, les principes de l'ordre traditionnel et ceux de la révolution, qui ne
veut plus savoir comment produire et consommer toujours davantage,
mais comment et pourquoi agir, ou que faire de sa vie. La révolte des
jeunes renoue avec la question hardie que posait « le rêveur sublime »
(6),
né il y a deux siècles : que faut-il tenir pour le fondement réel du devenir
? Sa réponse « la nature intentionnelle de l'homme » lui permet de
dépasser la notion d'une intériorité séparée de l'extériorité et de calculer
le développement corrélatif du réel et des passions, c'est-à-dire d'approfondir
le matérialisme puisque tout ce qui est subjectif ou intérieur, passionnel
ou spirituel est destiné à paraître au grand jour, à se faire objectif.
Quand un peu partout on cherche à concilier les deux grandes
pensées contemporaines, celle de Marx et celle de Freud, comment ne pas
explorer les fantaisies de haut goût de cet initiateur qui, le premier, tint
résolument les deux bouts de la chaîne : la réalité intérieure et extérieure.
Refusant tout ce qui détourne les individus de leurs passions singulières,
Fourier osa concevoir un monde à la mesure des désirs et non plus seulement
des besoins. L'unitéisme qu'il décèle à travers les séparations et
au cœur même des sujets rend l'Harmonie possible. Passant allégrement
du plus commun au plus exceptionnel, du plus trivial au plus noble, Fourier
récuse tous les clivages. Il affirme que les passions sublimes, la
noblesse et la délicatesse sont incluses dans la Nature pour peu que l'on
sache concerter ses impulsions et pénétrer le sens de ses ressorts cachés.
Cet optimisme cependant n'est pas bénin et la doctrine de ce rêveur
n'est pas celle d'un inoffensif maniaque. Il sait que l'on ne peut reconstruire
le monde sur des bases plus profondes et vivaces si l'on ne détruit
pas jusqu'aux racines de l'ordre actuel. La révolution et la terreur
devaient échouer, dit-il, pour avoir reculé devant les préjugés essentiels,
ceux du mariage exclusif et de la morale civilisée. Le système qui fait jouer librement les transitions, exceptions, ambigus ou mixtes, se révèle
plus dangereux pour l'ordre traditionnel que les seuls éclats de la violence
et c'est pourquoi, peut-être, Fourier, attendit si longtemps dans
l'ombre des bibliothèques et la poussière des greniers ou des archives.
C'est pourquoi aussi, sans doute, il reparaît à point nommé. Tout en
reconnaissant « la fonction primordiale de l'industrie » et de la production
matérielle, il a montré que l'histoire sociale et le devenir des choses
relèvent du pouvoir magique des passions. Si parfois déjà elles savent
miner les données extérieures et faire paraître dans le monde ce qu'un
individu a de plus secret, leurs pouvoirs conjugués emporteraient tous les
obstacles. En essor faux et subversif, les passions sont telles « des tigres
déchaînés », en plein essor, réorientées et concertées, elles substitueraient
« la répercussion harmonique » à « l'action récurrente » et criminelle. Au
large de la vision simple de Newton et des savants (occupés, dit Fourier,
d'un seul mouvement ou de la réalité abstraite de la matière) des analystes
isolés, ou des « économistes infatués d'eux-mêmes », la vision composée
des quatre (ou des cinq) mouvements
(7), contient les conditions d'une
révolution totale, c'est-à-dire tous les ressorts actifs du devenir, et Fourier
ne prétend pas seulement les analyser, mais en calculer la synthèse.
Unissant la sécheresse des études partielles au sentiment de l'unité et les
abstractions à la totalité réelle, il crut avoir trouvé la méthode exacte
d'un passage de l'intérieur à l'extérieur ou du désir au réel objectif. Il
crut avoir créé la science du dynamisme universel. Alors les calculs et les
prévisions certaines ne s'appliqueraient plus à la seule sphère matérielle,
mais aux mouvements qui précèdent tout être, aux sources actives
concrètes et poétiques de toute objectivité. Et certes le pionnier aventureux
n'a pu mener à bien ce projet démesuré. Il n'a pas découvert les
formes ou l'expression scientifique de tous les mouvements sociaux et
naturels, mais l'idée fondamentale de son œuvre, l'alliage des attractions
passionnées et du calcul ou des moyens les plus élaborés de la pensée,
ouvrait une voie. Les « révélations » de l'extraordinaire inventeur ne
fixent pas l'esprit : pour être comprises dans toute leur richesse elles
requièrent au contraire les pensées qui ont suivi.
Il ne s'agit donc pas en lisant Fourier de remonter au passé révolu
ni de faire revivre, pour l'opposer aux systèmes actuels, un système anachronique, mais bien de retrouver la fraîcheur intègre du premier
socialisme et de voir surgir de son entière liberté une autre morale, une
bonté fantaisiste aussi vive et inventive que les intentions amoureuses
vertes et déliées – une morale née des attractions, aussi ardente et renouvelée
que l'élan des passions et que nous recevrons comme si elle venait
combler une attente. En ce
Nouveau Monde Industriel et Sociétaire, les
singularités que la loi d'un pur fictif rejetait au néant fonde un ordre où
chacun peut devenir roi sans rien sacrifier de soi. (Tout Harmonien, dit
Fourier, peut gagner un sceptre dans sa spécialité, si minime soit-elle.)
Alors la notion de reconnaissance reçoit un contenu concret et la systématique
relationnelle se montre plus respectueuse des individus que toutes les
morales du passé. Puisqu'ils valent par leurs différences et non pour leur
participation à quelque essence anonyme, le nombre même des futurs harmoniens
se fait essentiel. D'ailleurs, le mécanisme des séries mesurées
exige un optimum : trop peu compactes, elles dégénèrent, mais une trop
grande densité les engorge et fausse de proche en proche tout le système.
La dernière lacune du
Nouveau Monde Industriel, le quatrième passage
omis dans la seconde édition, traite précisément de cette question,
entre toutes actuelle, de l'équilibre de population ; elle décrit l'une des
digues qui s'oppose à l'excès de naissance, digues nécessaires, car, audelà
« du grand complet de 5 milliards », en vain découvrirait-on des
moyens d'atteindre, au quadruple et même au centuple produit, on ne
pourrait assurer l'aisance graduée de tous. « L'homme social se ravale
au rang des insectes quand il crée des fourmilières d'enfants, réduits toujours
à se dévorer entre eux ». Sans doute « ils ne se mangeront pas corporellement
comme les insectes, les poissons, les bêtes féroces ». Mais
« ils se dévoreront politiquement par les rapines, les guerres et les perfidies
de civilisation perfectible ».
Fourier salue au passage « Stewart, Wallace et Malthus, seuls écrivains
dignes d'attention sur ce sujet ». Mais sa clairvoyance découvre
d'autres moyens d'éviter le pullulement. Il assure l'équilibre de population
par la multitude des plaisirs et des jeux, et par le libre exercice de
l'amour ou par les « mœurs phanérogames » qui relient les passions des
harmoniens à la claire vie des fleurs.
Les lecteurs que cette brève allusion ne satisfera pas devront chercher
en d'autres textes et dans les manuscrits publiés de Fourier une explication
plus complète. On ne résume pas cet auteur. Tout au plus ai-je tenté
de mettre en relief la portée de ses conceptions « ambiguës » et certains aspects d'une grande théorie moderne du sentiment. Le rêve tout positif
de l'harmonie se distingue radicalement, des « fadeurs morales » car il
met en œuvre « autant de discords que d'accords ». « Il faut même commencer
par les discords » car ils donnent le tranchant et relancent l'ardeur
des impulsions. Ils précisent les différences et enrichissent
l'harmonie totale. Les ambigus, d'ailleurs, qui « chevillent la charpente
de l'édifice », comportent toujours quelque discord ou dissonance. Ils
s'opposent à la perfection figée, comme à toute satisfaction entière ou à
l'équilibre stable qui entraînerait l'arrêt du mouvement. Le projet qui fait
jouer ces ambigus à tous les niveaux et en tous les domaines est un rêve
bien singulier où le sujet passe sans cesse au-delà de soi pour donner être
et présence aux objets variés de son désir. Le sommeil même n'enferme
pas le rêveur en ses souvenirs ou ses vœux : il le relie aux puissances
secrètes et invisibles. « Il peut initier l'homme, écrit Fourier, aux facultés
sensuelles des transmondains », à « l'état surcomposé de la vie future ».
La mort, dès lors, est un point de passage. « La plus dure et la plus répugnante
des transitions » ne coupe pas des sources actives. Parce que le
rapport à soi est toujours fondé sur le rapport à l'autre, la fin d'une individualité
n'arrête pas le devenir des groupes et la mort même entre dans
le champ de la vie. Aux antipodes des idées « civilisées » de l'Occident
Fourier rejoint, à sa façon naïve et insolite, « l'Orient tout gai, qui chante
sa chanson de vieux »
(8).
Simone Debout-Oleszkiewicz
(a)
1.
Proudhon,
Création de l'ordre.
2. Cf. « Le Nouveau monde amoureux »
Œuvres complètes de Charles Fourier t. VII, éd. Anthropos, 1967 et Topique, n° 4 et 5 « L'Illusion réelle », P.U.F.
3. Cf.
Le Nouveau monde amoureux, op. cit. (Introduction).
4. Cf. Charles Fourier,
Œuvres Complètes, éd. Anthropos, 1966, t. V, p. 236.
5. Édition de 1829 établie par Fourier.
6. Expression de Stendhal parlant de Fourier (Mémoire d'un touriste) : « On ne lui accordera pas
avant vingt ans son rang de rêveur sublime ».
7. Fourier distingue (
Théorie des quatre mouvements), les mouvements matériel, organique et instinctuel ou animal et le mouvement passionnel pivotal ; plus tard il ajoute un cinquième mouvement : l'aromal.
8. Extrait d'un poème d'enfant. (Inédit).
a. Cette préface et les corrections ont été publiées par Simone Debout aux éditions Anthropos, en
1971, rétablissant l'édition originale de 1829. En 1973,
Michel Butor préface une nouvelle édition chez Flammarion, dans la collection « Nouvelle bibliothèque romantique ».
La pagination en gras renvoie à la présente édition, la pagination en maigre renvoie à la tomaison et
à la pagination de l'édition de 1829.