Maurice Bloch
Une nouvelle théorie de l'art
(extrait, p. 7-14)
© l'auteur, Les presses du réel
Dans son ultime livre, l'anthropologue anglais Alfred Gell a proposé
une approche de l'art révolutionnaire
(1). La base de sa théorie
est que, plutôt que de penser à l'art en termes de beauté, nous
devrions y penser en termes des différentes
agencies, ou intentionnalités,
qui se rencontrent dans un objet d'art, que celles-ci soient
imaginaires ou réelles. Dans ce texte, je souhaite à la fois présenter
certains aspects clés de son argumentation et suggérer comment
elle peut être renforcée et élargie en développant l'approche même
utilisée par Gell.
Contre l'esthétique
Le problème, pour lui, est qu'une approche esthétique des objets
d'art est inapplicable aux cultures non occidentales et que, pour être
vraiment anthropologique, une théorie, si elle prétend expliquer un
phénomène universel, doit pouvoir s'appliquer au monde entier.
Bien sûr, il a été discuté sans fin de ce qui est, ou n'est pas, de l'art,
et il est devenu maintenant évident que l'art est impossible à définir,
même si une notion, qui ressemble quelque peu à celle que s'en fait
le monde occidental contemporain, existe en dehors de ce contexte
culturel spécifique. Toutefois, cela ne pose pas de problème à Gell,
puisqu'il recherche une théorie qui puisse s'appliquer à tous les faisobjets
qui, à diverses époques et en différents lieux, ont été qualifiés
d'artistiques par les érudits, ainsi qu'à beaucoup d'autres que personne
ne désignerait normalement ainsi. Manifestement, une théorie
qui ne repose pas sur la notion d'esthétique est un défi à l'utilité
du terme lui-même en tant qu'outil d'analyse. Aussi, en un certain
sens, la théorie de Gell ne concerne pas l'« art » en tant que tel, elle
veut embrasser beaucoup plus large. Elle explique néanmoins, entre
autres choses, pourquoi les objets désignés à un certain moment,
par une personne spécifique, comme artistiques fascinent. Il est
donc à la recherche d'une théorie qui puisse prendre en compte
aussi bien le
David de Michel-Ange que les sculptures de la proue
d'un canoë trobriandais impliqué dans un échange kula, ou la forme
élaborée du pilier central d'une maison.
Pour Gell toutefois, bien qu'il soit intéressant jusqu'à un certain
point de discuter avec un Européen de ce qui rend belles les sculptures
florentines, il serait malvenu de parler avec un Mélanésien de
la « beauté » de la proue d'un canoë, même s'il est évident qu'il ne
s'agit pas seulement d'un objet utilitaire. Ces proues sont destinées
à démontrer tout à la fois la capacité de leur propriétaire à commander,
sa richesse, son pouvoir sur son entourage, sa générosité agressive,
la bravoure et le savoir-faire du sculpteur ; elles doivent illustrer
enfin le fait que les proues sont des objets magiques qui luttent
contre les vagues… Toutes choses, prises ensemble, qu'il serait dangereusement
trompeur de traduire par le terme de « beauté ». Bien
sûr, cela ne signifie pas qu'un Trobriandais n'émet pas de jugement
quant à la plus ou moins grande qualité des sculptures, mais ces
jugements ne sont pas formulés en termes de beauté et les considérer
comme des commentaires sur l'esthétique (ce qu'il est si facile
de faire hors du contexte) revient tout simplement à les dénaturer, à
les falsifier.
Sa critique est beaucoup plus fondamentale que l'argument habituel
selon lequel l'« art » ne peut être vraiment défini qu'en termes de
marché, celui-ci ne s'étant développé que depuis la Renaissance, et
seulement en Europe. Gell s'attaque à la pertinence même du critère
de beauté. Il va donc au-delà des approches plus traditionnelles
de l'art et des controverses usuelles des anthropologues concernant
l'art ethnographique. Ces querelles sont menées par deux camps
bien définis. Dans l'un, on trouve principalement des conservateurs
de musée et des marchands, mais aussi quelques anthropologues
qui veulent que l'on apprécie les objets des cultures non occidentales
selon des critères universels de beauté. Cette attitude implique
que, pour les apprécier, celui qui les regarde n'a besoin de rien
savoir des gens qui ont produit ces objets. Dans le camp opposé est
rassemblée la majorité des anthropologues qui soutient que, pour que le spectateur puisse se faire une opinion sur l'esthétique, il a
besoin de connaître le contexte des objets et de comprendre les critères
de beauté de ceux qui les ont produits. Pour Gell, même cette
dernière position a ses limites et ne fait que travestir les habituelles
idées sur l'art en posant une question non pertinente : « Qu'est-ce
qui est beau pour les x ou les y ? »
Gell soutient donc que l'esthétique ne saurait être la base d'une
théorie générale applicable aux objets d'art. Une telle théorie doit
fonctionner dans tous les cas et a besoin, pour cela, d'être ancrée
dans les traits qui caractérisent les membres de l'espèce Homo
sapiens. Pourquoi, depuis les temps les plus reculés, les hommes
ont-ils produit des objets qui nous semblent artistiques et que nous
considérons, ici et maintenant, comme « beaux », demande Gell ?
Non parce qu'ils recherchaient la beauté (de quelque sorte qu'elle
soit), des tas de gens ne s'intéressant pas à cette idée. Néanmoins, il
est clair que des objets non utilitaires nous ont toujours fascinés et
possèdent un pouvoir certain. Comment l'expliquer ?
Art et intentionnalité
La réponse de Gell est la suivante : ce qui a été appelé objet d'art,
et bien d'autres qu'on ne penserait pas forcément à désigner sous
ce vocable, possède une force ou un pouvoir de fascination parce
que nous considérons ces objets comme des indicateurs de ce qu'il
y avait dans l'esprit des personnes qui les ont, à différents degrés,
fabriqués ou utilisés. Ainsi
La Joconde nous permet-elle d'appréhender
tout à la fois l'intention du peintre de produire un bel objet
qui impressionnera des personnes spécifiques, celle de la femme
elle-même de séduire ou de se moquer, celle de cette femme d'être
représentée comme séductrice ou moqueuse, l'acceptation ou le
refus par l'artiste d'illustrer l'humeur que le modèle veut voir représenter,
l'intention du mécène de commander l'objet afin, peut-être,
de montrer sa fortune et / ou la beauté des femmes sur lesquelles il
exerce son pouvoir, et / ou son amour, l'intention de l'État français
de démontrer le pouvoir et la richesse qui lui permettent de s'emparer,
d'exposer et de préserver, au moyen de remarquables et scientifiques
mesures de conservation et de sécurité, un objet si désirable.
Tous ces esprits dont on imagine les désirs sont, consciemment et
inconsciemment, évoqués quand on prend connaissance du chef d'œuvre
de Léonard de Vinci, objet dénué en lui-même de croyances
et de désirs. Là se trouve, pour Gell, la source de son pouvoir.
Pour lui, dans tous les objets d'art se rencontrent divers réseaux
d'intentionnalité qui diffèrent considérablement selon les cas, ce
qui explique qu'ils peuvent avoir fort peu en commun. Ainsi, le faisceau d'intentionnalités liées à la proue trobriandaise ne ressemble
que très peu à celui formé autour de Mona Lisa. L'intention de l'artiste
de réussir à causer de la peur et de la stupéfaction, celle du chef
qui a commandé de la réaliser et de l'exhiber, celle, également, de
l'équipage qui dans le même temps terrorise et séduit les partenaires
de l'échange, l'intention enfin de l'arbre, vu comme une force
vivante, toutes ont accompagné la fabrication de l'objet de bois ;
s'y ajoute l'intentionnalité des esprits convoqués lors de la réalisation,
qui, de quelque manière, sont toujours présents, luttant contre
les intentions meurtrières de la mer et contre ceux qui résistent à
l'échange.
Si de nombreuses intentionnalités se rencontrent dans un même
objet, cela ne signifie pas pour autant qu'elles le fassent au même
moment. Gell donne l'exemple des fameux fétiches à clous du
Congo. Il s'agissait de statuettes utilisées pour les serments, dont
on pensait que, lorsque quelqu'un y enfonçait un clou, le fétiche lui
infligerait la même douleur s'il mentait, ou qu'il blesserait d'autres
personnes au moyen de ce que Frazer a appelé de la magie par sympathie.
Elles étaient fabriquées après un sacrifice indispensable,
création qui impliquait manifestement des réseaux d'intentionnalités
supposées fort éloignées, par exemple, d'une peinture classique.
Plus encore, leur processus de fabrication ne prenait pas fin
avec leur sculpture. Gell avance que chaque nouveau clou ajoutait de
nouvelles intentionnalités, poursuivant ainsi la création de l'œuvre
d'art. Les œuvres d'art sont donc prises dans un processus de création
continu. Une création qui peut même se poursuivre avec leur
destruction, comme dans le cas des sculptures funéraires qui sont
destinées à se décomposer, remplissant ainsi leur rôle de libération
de l'âme de la personne pour l'enterrement de laquelle elles furent
réalisées.
On peut utiliser l'exemple du fétiche à clous pour expliquer une
autre facette de sa théorie. Le faisceau d'intentionnalités qui gît, si
l'on peut dire, derrière la production de l'objet n'est qu'un aspect.
Gell soutient qu'elles dotent celui-ci d'une intentionnalité quasi
humaine. En effet, ceux qui voient la figurine s'imaginent qu'elle
peut agir sur eux ; ils la perçoivent comme ayant une volonté propre,
qui lui permet de les protéger ou de leur faire du mal. Le fétiche
devient donc un maillon de la chaîne qui relie les membres d'une
société.
On pourrait penser que, pour Gell, déposer un objet dans un
musée, qu'il s'agisse d'une statuette à clous ou de Mona Lisa, ajouterait
une intentionnalité ultime, dernier élément de la chaîne, l'intention
de mettre un point d'arrêt à d'autres accroissements, terminant
par là même la vie artistique de l'œuvre. Dans le cas des sculptures funéraires, la muséification impliquerait, comme l'a plaidé Susan
Küchler, une négation de leur nature même. Toutefois, Gell soutient,
suivant le critique d'art Freedberg, que ce n'est pas toujours le
cas. Il donne l'exemple de la fameuse
Vénus de Velasquez, conservée
au British Museum, qui fut lacérée par une suffragette au xixe siècle.
Gell y voit une prolongation de la vie de l'objet d'art, puisqu'une
nouvelle intentionnalité a ainsi été ajoutée à la chaîne déjà longue
de toutes celles qui l'avaient précédée.
Ancrer l'art dans une théorie de la connaissance
Le remplacement de l'esthétique par l'intentionnalité de l'agent
dans la théorie de Gell a des implications beaucoup plus nombreuses
qu'on ne pourrait le croire à première vue. Il ne cherche pas
seulement une base plus large qui pourrait lui permettre d'englober
des choses aussi diverses que les fétiches africains et les tableaux
de Rembrandt. Le but de Gell est de déplacer le socle épistémologique
même de l'étude de l'art. Il l'indique lorsqu'il dit qu'il est à la
recherche d'une théorie vraiment anthropologique. Ce qui signifie
deux choses : la première, et la plus importante, est qu'il veut expliquer
l'art et ce qui lui est associé en termes de traits qui caractérisent
tous les membres de l'espèce
Homo sapiens sapiens ; la seconde
est que cette théorie repose sur la manière dont les êtres humains se
comprennent entre eux, et sont donc capables de vivre en société, ce
qui pour lui, comme pour la plupart des anthropologues, constitue
leur caractéristique la plus fondamentale.
Gell emploie le mot
agency, qui semble être, dans le texte, un synonyme
d'intentionnalité pour un large éventail de choses et, au fur
et à mesure du livre, ce terme prend plusieurs sens qui ne sont pas
toujours totalement compatibles entre eux. Toutefois, le cœur de
son argument est suffisamment clair pour me guider dans ce qui va
suivre. Ce qui est significatif dans la notion d'intentionnalité n'est
pas tant la capacité des êtres humains à organiser leur conduite en
relation avec leurs croyances et leurs désirs que leur habilité à comprendre
et à contrôler les croyances et les désirs des autres afin de se
conduire de manière appropriée envers eux. Tous les psychologues
cognitifs s'accordent à reconnaître comme un des traits les plus
essentiels, voire le plus fondamental, du comportement humain
cette capacité à attribuer aux autres individus des croyances et des
désirs, qui nous permet de les comprendre ainsi que les messages
qu'ils veulent nous transmettre, que ceux-ci soient ou non linguistiques.
Car ces messages ne peuvent avoir du sens que si, comme
l'a montré il y a déjà longtemps le philosophe Austin, on sait ce que
l'interlocuteur a l'intention de faire avec le son qu'il produit.
La théorie de l'art de Gell est cognitive, comme il le souligne à
plusieurs reprises, parce qu'il voit l'art comme un à-côté, ou une
excroissance, non nécessaire mais fréquente, de la capacité cognitive
universelle des êtres humains. Son travail s'inscrit ainsi dans
le corpus croissant des connaissances que nous possédons sur l'esprit
humain. Selon cette théorie, tous les humains normaux ont, et
doivent avoir, une faculté extrêmement développée qui leur permet
d'imaginer ce qui se passe dans l'esprit des autres. Cette faculté est
employée en permanence et à une vitesse telle que nous en sommes
inconscients. Cette extraordinaire capacité est également utilisée à
des fins secondaires, non utilitaires, par exemple lorsqu'en racontant
des histoires nous représentons des animaux ou des machines
à vapeur comme s'ils étaient humains. Ces usages secondaires
sont nombreux et l'art, selon Gell, en fait partie. Ainsi, d'un point
de vue méthodologique, son argument prend la même forme que
le fameux argument de Lévi-Strauss sur le totémisme. Lévi-Strauss
commence par passer en revue différentes définitions du totémisme
et remarque que non seulement elles sont toutes différentes, mais
qu'il n'y a pas de raison particulière d'en choisir une plutôt qu'une
autre. Après tout, le totémisme n'est rien d'autre que ce que les
divers auteurs mettent sous ce terme. Il serait toutefois injuste de
dire qu'ils parlaient de quelque chose qui n'existait pas, ne serait-ce
que parce qu'on trouve dans le monde entier des phénomènes similaires
et que ce fait demande une explication. Celle de Lévi-Strauss
est que tous ces phénomènes sont des manifestations non universelles
d'une caractéristique humaine universelle : le besoin de classifier.
Ce besoin explique la récurrence de phénomènes du type
totémisme, il en explique également beaucoup d'autres que personne
n'aurait pensé ranger sous cette étiquette. Il a donc expliqué
ce qu'est le totémisme, tout en niant la validité du terme en tant
qu'outil d'analyse.
Pour des raisons semblables, Gell veut expliquer des phénomènes
du type artistique sans perdre de temps à définir l'art en tant que tel.
Il veut faire éclater la catégorie art en quelque chose de plus large
fondé sur notre connaissance scientifique des êtres humains. Cela va
sûrement irriter, étant donné l'humeur antiscientifique actuelle de
l'anthropologie, et la tendance de certains artistes à voir leur savoirfaire
comme transcendant les limitations humaines. Dans une publication
précédente, il se décrit comme un philistin méthodologique
pour montrer qu'il refuse de ranger l'art à part, de le mettre sur un
piédestal. Au contraire, il le considère comme une technologie parmi
d'autres dont la plupart sont tout à fait ordinaires.
En fait, les choses ne sont pas aussi simples que cet ouvrage le
laisse paraître. Gell voit la capacité des hommes à reconnaître l'intentionnalité de leurs semblables comme une explication de phénomènes
baptisés art de deux manières différentes qu'il ne distingue
pas clairement. La première, déjà abordée ci-dessus, montre que
nous voyons dans un objet d'art toute une série d'intentionnalités
qui ont soit accompagnée la fabrication de l'objet, soit trouvée leur
origine dans ce qu'il représente, qu'il s'agisse d'un saint ou d'un
mécène. En ce cas, l'objet d'art sert en quelque sorte de relais matériel
entre des personnes, de même que l'écrit est un relais matériel
entre deux personnes qui veulent communiquer, bien que l'art établisse
un réseau de relations beaucoup plus nombreuses et complexes
que la relation qui unit l'écrivain à son lecteur.
La seconde façon dont la capacité humaine à lire les esprits est
impliquée dans l'art est beaucoup plus problématique, bien qu'il
s'agisse en fait d'une question classique en anthropologie. Il s'agit
de la manière dont les êtres humains attribuent un esprit à des entités
qui en sont dépourvues. C'est le phénomène que Tylor a appelé
animisme, où les pierres, les arbres ou les montagnes, etc., sont traités
en partie comme des humains. Le concept d'animisme fut utilisé
par la suite par Piaget, qui y vit une caractéristique des enfants dont
l'esprit n'a pas encore atteint un niveau suffisant de discrimination
pour réaliser, par exemple, que les moteurs de voiture ou les pierres
n'ont pas d'esprit.
Gell ne suit pas Piaget, car il ne voit rien d'enfantin ni d'immature
dans le phénomène de l'animisme, qui, pour lui, est typique des
phénomènes religieux qu'il appelle ici du terme traditionnellement
dérogatoire « idolâtrie », terme qu'il utilise sans jugement de valeur.
Il entend par là l'attribution d'intentionnalité et de pouvoir à des
objets, souvent représentatifs, tels que des statuettes d'ancêtres, ou
parfois de simples objets naturels réputés être habités par un esprit
ou une autre entité semblable. Les objets d'art sont toujours, pour
Gell, plus ou moins objets d'idolâtrie en ce qu'on leur attribue une
intentionnalité de quelque espèce. L'objet devient alors beaucoup
plus qu'un simple relais dans le réseau des relations sociales, il en
est un acteur lui-même.
Pour expliquer cela, Gell prend à plusieurs reprises l'exemple des
poupées. La raison en est simple : les poupées sont des artefacts
auxquels les enfants attribuent des intentionnalités dont ils sont
eux-mêmes la source, cela quel que soit le sérieux avec lequel ils le
font. Pour lui, les objets d'art sont en tout point semblables. Cela le
conduit à une première suggestion, étonnante mais très éclairante :
nous devrions considérer le
David de Michel-Ange, chef-d'œuvre de
la statuaire, comme une grande poupée pour adultes. Car, au-delà
des multiples intentionnalités que nous voyons au travers de la statue,
nous sommes aussi conscients de son pouvoir propre. Ce genre de chose est, bien sûr, beaucoup plus clair dans des cas plus habituels
d'idolâtrie où, comme dans de nombreuses formes d'hindouisme,
le pouvoir de l'image, à l'encontre de ce qui se passe dans
les religions sémitiques, n'est pas un problème théologique. L'art
est donc, pour Gell, une sorte d'idolâtrie et, qu'elle soit douce ou
forte, il s'agit de fétichisme ou d'anthropomorphisme, de l'attribution
de caractères humains à des espèces ou à des choses qui ne le
sont pas.
(...)
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1. Ce texte a précédemment paru sous la forme d'un compte rendu de l'édition
anglaise de l'ouvrage, sous le titre « Une nouvelle théorie de l'art. À propos d'
Art and
Agency d'Alfred Gell » (
Terrain, n°32, mars 1999, p. 119-128). Le mot anglais
agency
étant intraduisible en français, c'est « agentivité » qui a été retenu dans la présente
traduction, malgré sa bizarrerie – mais un tel choix laisse au lecteur le soin de décider
ce que Gell voulait dire. En revanche, dans cette présentation, je souligne l'une
des lectures possibles de l'ouvrage, qui rendrait
agency par « intentionnalité » ; c'est
donc ce terme que j'utilise ici.