Une nouvelle conçue comme un feuilletage littéraire, où les images mentales véhiculées par le texte se confrontent aux photographies de l'auteur / artiste.
L'action se déroule entre Los Angeles et Las Vegas. Elle dépeint Blonde, une artiste facétieuse aux prises avec ses démons. A la fois pornostar occasionnelle et performeuse en plein travail, son goût réel et simulé pour la descente aux enfers est à peu près comparable à son attrait pour la distanciation. Le décorum lui apporte tous les produits utiles à la posture.
Bimboplastie est un feuilletage littéraire : tantôt écriture expérimentale versant TXT, tantôt manuel cynique de
lecture à l'usage de la bêtise ambiante, tantôt scénario pour un film
méta-pornographique, où se mêlent tropes ballardiennes, fulgurances,
critiques et dérives lexicographiques.
« Tout l'art, écrit l'auteur (à moins qu'il ne
s'agisse de Blonde, l'héroïne de cette nouvelle), consiste en une
attitude sociale envers les mots et une désobéissance aux phrases. »
Mais le texte est aussi un vecteur d'images mentales, confrontées ici à
certaines photographies de l'auteur - une façon de prendre à revers le
rapport de l'illustration et du texte à l'œuvre et de réaffirmer que tout
l'art consiste en une attitude sociale envers les images et une
désobéissance aux Grands Textes.
Né en 1958, Patrick Weidmann, artiste photographe et écrivain, vit et travaille à Genève. Après avoir fondé, à vingt ans, une maison d'édition, édité ses poésies et écrit quelques temps sur l'art (dans
La Tribune de Genève et
Flash Art), il oriente son travail pictural, au début des années 1980, vers une abstraction « étendue » qui phagocyte délibérément les sémantiques de l'histoire récente, puis développe vers 1985 une hybridation esthétique
en introduisant dans des « dispositifs spatiaux »
des photographies sur toile et divers objets industriels ou de consommation. Il poursuit parallèlement ses activités d'écriture en publiant son premier roman (
Cosmétiques) et réalise plusieurs courts métrages. Il entame dans les années 1990 une période de décontruction expérimentale de son propre travail, parfois mis en pièces et auquel il incorpore d'autres images re-photographiées et des éléments renvoyant à la culture populaire, avant de faire le choix de la photographie comme médium exclusif.
Il publie en 1997
Happy Ends (Idéal), sorte de « condensé d'énergie littéraire ».
Il synchronise alors ses activités d'écriture et de photographie.
Ses images mettent en scène des objets
de
désir et de consommation saisis dans les salons de l'
automobile, des aéroports, des casinos, des métros et des galeries marchandes, dans des lieux de concentrations humaines supposées
glamour, mais aussi dans leurs non-lieux connexes, aménagés en espaces de transit ou d'amnésie. Des images à la plastique presque irréelle qui renvoient d'autant mieux, en multipliant les jeux de miroir, à un monde concret où l'impérialisme de la vitesse, du confort et de la séduction se traduit dans la forme et la matière des objets.
Patrick Weidmann poursuit ses propositions fictionnelles avec trois livres publiés depuis 2000 (
Nec plus ultra, Dasein,
Bimboplastie, JRP|Ringier et
Poupées mortes, Dasein).