Notas, recuerdos y secuencias de cosas vistas, ici traduit en version française, réunit des extraits du
Journal de Ruiz écrit en espagnol entre 1990 et 2011.
Ruiz observe avec tristesse, au vu du montage financier de ses projets toujours plus difficile et chaotique, les transformations du paysage audiovisuel s'éloignant à jamais de ses rêves d'un cinéma artisanal, non industriel, d'inspiration chamanique, exposés dans sa
Poétique du cinéma.
Cette sélection d'extraits du
Journal réunis ici par Bruno Cueno et
Érik Bullot – tous deux aussi amis de Ruiz – que constituent
Notas, recuerdos y secuencias de cosas vistas expose sa pensée et le développement de la mise en pratique de sa
Poétique définissant de nouvelles conceptions du temps, de la mémoire et des manières de faire du cinéma. « De cette façon, je développerais les idées de Poésie du Cinéma (...) J'essaie d'expliquer – de m'expliquer – le fonctionnement des fictions dans le film. De quelle manière elles s'articulent pour permettre, multiplier et intensifier la circulation des images réelles et mentales. (...) Peu à peu, douloureusement, une nouvelle méthode de filmer, radicalement différente de toutes celles qui circulent, commence à prendre une forme. »
Un tel témoignage de cinéaste sur sa manière de faire du cinéma est plutôt rare. On connaît ceux de Jean Cocteau lors du tournage de
La Belle et la Bête ou ceux d'
Andreï Tarkovski ou Yasujirô Ozu. Ruiz, avec les traductions de
Notas, recuerdos y secuencias de cosas vistas, accompagnées de notes établies par Bruno Cuneo et d'une préface d'Erik Bullot, constitue ainsi une contribution précieuse à l'histoire du cinéma.
Ces traductions s'inscrivent dans la suite de
Poétique du cinéma 1 et
Poétique du cinéma 2, ses premiers recueils d'essais sur le cinéma devenus incontournables dans le paysage de la culture contemporaine, à la recherche de nouveaux modes narratifs comme outils d'appréhension du monde d'aujourd'hui, des manifestes qui proposent de nouvelles manières de filmer, d'écrire et de concevoir les images.
Raoul Ruiz (1941-2011) est un
cinéaste, homme de théâtre et écrivain. Né au Chili et engagé politiquement, il fut d'abord une figure clé du nouveau cinéma latino-américain. Contraint à l'exil après le coup d'état de Pinochet en 1973, installé en France, il a réalisé, avec plus de 100 films (parmi lesquels
Trois Tristes Tigres, 1968,
Palomita blanca, 1973,
L'Œil qui ment, 1992, avec John Hurt,
Trois vies et une seule mort, 1996, avec Marcello Mastroianni,
Généalogies d'un crime, 1997, avec Catherine Deneuve,
Le Temps retrouvé, 1999 et
Klimt, 2006, avec John Malkovich, ou
Mystères de Lisbonne, 2010), une œuvre majeure du cinéma international du XXe siècle. Il est aussi l'auteur de fictions et de textes théoriques publiés aux éditions
Dis Voir dans la collection «
Cinéma Fictions » qu'il a inaugurée.