Monographie entièrement dédiée à la production de dessins de l’artiste Alan Fertil, décédé précocement en 2015.
« Quand on les regarde pour la première fois, certains dessins se détachent de l'ensemble d'œuvres méconnues que présente cet ouvrage consacré aux dessins d'Alan Fertil.
Ils ont en commun la figure récurrente d'un vide central depuis lequel adviennent une image ou sa mémoire – prise entre deux eaux ou vue dans le trou d'une serrure. Ils portent des inscriptions qui semblent désigner les ressorts de leur magnétisme muet : "The Whole room", "The Memory Lagoon".
La locomotive surgissant de la forêt vierge évoquée par André Breton dans L'Amour fou comme illustration potentielle de la beauté convulsive, la lunette d'une longue vue découpant le paysage, autant que celle du microscope scrutant l'infiniment petit, sont les cadres déclinés de la même pulsion scopique. On pense aussi inévitablement aux attractions illusionnistes du XIXe siècle autant qu'à Marcel Duchamp et sa célèbre œuvre cryptique : Étant donnés : 1° la chute d'eau 2° le gaz d'éclairage. L'œuvre de Duchamp s'apprécie au travers de deux trous dans une palissade, Peeping Tom ultime de l'art du XXe siècle. »
Louise Grislain
Né le 8 avril 1982 à Quimper, Alan Fertil grandit en Bretagne et aux États-Unis dans le Tennessee (1991-1993). Il s'intéresse rapidement au dessin, aux sports de glisse et à la culture urbaine. Ces passions s'épanouissent à partir de 1997 à Nottingham en Angleterre, où l'importance donnée aux enseignements artistiques lui donne confiance en ses choix. Il y débute sa formation à Clarendon College. En 2001, il intègre l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris où il étudie dans l'atelier d'Anne Rochette. En 2005, il obtient une bourse d'étude à l'Ecole du Musée des Beaux-Arts de Boston (SFMA). Diplômé en 2007, il poursuit sa pratique à Berlin, principalement en dessin et en sculpture.
À la fin de l'année 2009, Alan Fertil s'installe à Bruxelles où il rencontre Damien Teixidor. Ensemble, ils développent une pratique collaborative fondée sur un regard commun porté sur certains objets et phénomènes culturels. Au travers de manipulations par analogie, ils transposent des histoires souterraines et spécifiques vers l'expérience du commun et du familier. Fertil & Teixidor empruntent, s'approprient et diluent des objets, des esthétiques et des approches provenant du DIY (do it yourself), du skateboard, du mobilier urbain et de l'espace public.
À cette époque Alan Fertil est également co-fondateur et membre actif du collectif curatorial « The Ister » imaginé avec Constance Barrère Dangleterre, Hugo Charle, Olivier Douard, Marie de Gaulejac, Vincent de Hoÿm, Bitsy Knox, Lila Pérès et Damien Teixidor. À partir de 2010, il est également traducteur et technicien indépendant auprès d'artistes, de galeries et de centres d'art. En 2014 il s'investit à nouveau dans une pratique artistique individuelle. Il décède à Bruxelles le 7 août 2015 d'une chute accidentelle.
