One Thing I Know est le troisième roman de Pati Hill, publié pour la première fois en 1962, alors qu'elle avait quarante et un ans et venait de donner naissance à son premier et unique enfant. C'est le dernier roman qu'elle a écrit avant de prétendre « arrêter l'écriture pour se consacrer à la vie domestique ».
Le roman de Pati Hill s'inscrit dans la tradition américaine des grands romans adolescents. Francesca Hollins a seize ans. Il lui faut moins d'un an et deux amours de jeunesse pour en être certaine : jamais plus elle ne sera amoureuse. Ni Danny, un jeune homme déjà hanté par des rêves bourgeois, ni sa mère, une femme à laquelle Francesca n'accorde que peu d'imagination, ne la convaincront du contraire. Vous comprendrez dans son journal par quels chemins Francesca découvre en effet une définition de l'indépendance qui n'appartient qu'à elle, quelque chose qui se rapproche du pressentiment de Diane Arbus lorsqu'elle écrivait à Pati Hill : « Je suis plus que jamais convaincue et peut-être [Francesca] l'est aussi, que les gens naissent vieux et que le désenchantement est un début plus qu'une fin en soi… Je pense que la vie doit absolument être vécue à contre-sens et qu'il n'y a aucun avantage à prendre de raccourci. »
Pati Hill (1921, Ashland, Kentucky - 2014, Sens, France) a laissé derrière elle une production littéraire et artistique qui s'est étendue sur une soixantaine d'années.
Après une courte mais fulgurante carrière de mannequin, elle écrit entre 1951 et 1962 une dizaine de nouvelles – dont plusieurs sont publiées dans la prestigieuse revue littéraire de George Plimpton, The Paris Review – et quatre ouvrages qui lui valent une véritable reconnaissance critique.
Hill publie One Thing I Know en 1962 après avoir donné naissance à sa fille. Elle est âgée de quarante et un ans et affirmera plus tard avoir décidé à cette époque « arrêter l'écriture pour se consacrer à la vie domestique ».
S'il est vrai qu'elle ne publie plus aucun ouvrage pendant treize ans, Hill continue d'écrire : des poèmes, un journal ; elle ouvre un magasin d'antiquités ; mais surtout c'est à cette période qu'elle réalise ses premières expérimentations artistiques sur photocopieur, qu'elle commence à utiliser, sans formation artistique, comme un outil artistique, explorant ainsi la relation entre l'image et le texte.
En 1974, Hill publie un recueil de poèmes au titre univoque, Slave Days, dans lequel apparaissent ses premières œuvres : des photocopies d'objets domestiques qui semblent flotter dans un espace indistinct. En utilisant la photocopieuse – une machine stéréotypée liée au travail de secrétariat et donc au travail féminisé – pour représenter des objets quotidiens tels qu'un peigne, un pantalon d'homme soigneusement plié ou un jouet d'enfant, Hill développe une pratique artistique qui traduit de manière programmatique le travail domestique invisible en un langage visuel et public. En utilisant cet outil de reproduction, elle a créé un modèle de production artistique qui s'oppose de manière critique à la convention de l'expression individuelle ainsi qu'à la prétendue neutralité des images produites par la technologie.
À cinquante ans, Pati Hill entame ainsi une carrière d'artiste discrète mais endurante,
qu'elle poursuivra jusqu'à sa mort, et qui la conduit à exposer en France et aux États-Unis. Son œuvre considérable, constituée de milliers de photocopies, de textes et de dessins, est transférée à sa mort à l'université Arcadia, Glenside, Pensylvannie.
Longtemps ignoré, le travail de Pati Hill bénéficie aujourd'hui d'un nouvel intérêt critique et institutionnel. Elle a été le sujet d'une trilogie d'expositions organisées par Baptiste Pinteaux en 2021 à la galerie Air de Paris, Paris, chez Treize, Paris, et à la galerie Ampersand, Lisbonne. Elle a également été le sujet d'une exposition la même année à la Kunstverein de Munich et à la Kunsthalle de Zurich, et un ensemble majeur de son œuvre, Alphabet of the Common Object, a été présenté au sein d'une exposition collective au Whitney Museum de New York.