Deux essais inédits de Steven Feld, figure de premier plan de l'anthropologie et des sound studies, qui bouleversent les perspectives acoustiques établies et ouvrent le passionnant domaine de la recherche-composition.
L'enquête ethnographique a toujours été accompagnée par l'enregistrement de matériaux visuels et sonores auxquels les anthropologues donnent plus ou moins forme. Toutefois, rares sont celles et ceux qui considèrent cette création formelle comme une source de connaissance fondamentale.
Figure de premier plan de l'anthropologie et des
sound studies de langue anglaise, Steven Feld a développé une conception de la recherche comme composition sans égal. Ses œuvres intermédia rendent sensibles différentes manières d'habiter le monde et de recomposer sa mémoire sonore à l'ère de l'anthropocène. Du ruissellement d'une cascade de la forêt équatoriale aux klaxons de la mégalopole d'Accra, en passant par le son des cigales ou la détonation de la bombe atomique, les deux essais inédits de cet ouvrage bouleversent les perspectives acoustiques établies et ouvrent le passionnant domaine de la recherche-composition.
« Il y a beaucoup de manières et autant de jolis prétextes pour lire le récent
La recherche comme composition paru aux Presses du Réel, composé du texte de deux "films-conférences" de Steven Feld, d'une introduction riche et dense des éditeurs du volume, Jonathan Larcher et Damien Mottier, et d'une postface de l'anthropologue Florence Brunois-Pasina. On peut déjà le lire en tant que première traduction en français d'un de ses livres et donc comme une porte d'entrée dans une œuvre importante, largement reconnue en ethnomusicologie et au sein des
sound studies. Mais encore en tant que ce "livre" représente une forme originale de recherche-création (une "œuvre intermédia", écrivent Larcher et Mottier), impliquant tant la création de concepts que celle de méthodes d'enquête et de retranscription de l'enquête. Et puis il y a peut-être, d'abord et surtout, le plaisir de la lecture, de se laisser guider en un voyage poétique à l'écriture personnelle, particulière et engagée. »
Anthony Pecqueux,
Cambouis, La Revue Des Sciences Sociales Aux Mains Sales
« Ce livre est une composition finement réalisée, aérée dans le texte tout en étant d'une rare richesse pour qui souhaite se plonger dans l'œuvre et les enregistrements de Steven Feld et saisir l'articulation que l'anthropologue-musicien a tissée le long de sa carrière entre ses différents terrains d'étude (sur les flancs du mont Bosavi en Papouasie Nouvelle-Guinée ; sur les sentiers des bergers à l'écoute des cloches d'Europe ; et à Accra au Ghana) en lien avec les disques qu'il a publiés. [...] L'introduction de Jonathan Larcher et Damien Mottier thématise la méthodologie de l'étude du son par et dans le son d'une manière si claire qu'elle constitue une boîte à outils pour des ethnographies audiovisuelles à venir. En postface, Florence Brunois-Pasina historicise à travers un texte intime et finement détaillé les chapitres de la recherche de Feld depuis les années 1970 à aujourd'hui et leur dénonciation poétique du naturalisme, du cognitivisme et de l'anthropocentrisme en anthropologie. »
Thibault Walter,
Cahiers d'ethnomusicologie
Steven Feld (né en 1949) est ethnomusicologue,
anthropologue,
cinéaste,
photographe,
musicien et
artiste sonore. Il est professeur émérite d'anthropologie sociale à l'Université du Nouveau-Mexique et directeur de la société de production VoxLox Media. Depuis 1975, il réalise des recherches en anthropologie du son en Papouasie-Nouvelle-Guinée, en Europe, au Japon et au Ghana, en impliquant pour partie de nombreux artistes et chercheurs. Éditeur et traducteur d'un recueil d'articles de Jean Rouch dont la rencontre en 1974 au Musée de l'Homme l'a particulièrement marqué –
Ciné-Ethnography (2003) –, Steven Feld a fait paraître des traductions de ses textes dans
L'Homme et quelques autres revues francophones. Plusieurs de ses enregistrements musicaux ont par ailleurs été inclus dans deux anthologies –
Les voix du monde et
Les danses du monde – éditées par le CNRS et le Musée de l'Homme sous le label
Le chant du monde. Ses monographies,
Sound and Sentiment (2010 [1982]) et
Jazz Cosmopolitanism in Accra (2012), parues chez Duke University Press, sont des travaux de références sur la diversité des épistémologies acoustiques. Ses compositions et enregistrements sonores comprennent la série
The Time of Bells, Bosavi: Rainforest Music from Papua New Guinea, et
Por Por: Honk Horn Music of Ghana. Ses films, distribués par le DER, incluent la série de cinq DVD
Jazz Cosmopolitanism in Accra et
Voices of the Rainforest, un film en 7.1
surround qui marque l'aboutissement d'une longue recherche-composition dans les monts Bosavi.