S'il a longtemps pratiqué la peinture, Alexandre Leger est aujourd'hui essentiellement un dessinateur dont les dessins sont aussi des poèmes. Glanant de vieux cahiers d'écoliers, des formulaires désuets, découpant dans le journal des solutions de mots croisés, il collectionne ces pages de papier qui deviennent le support de ses créations. Il fait des mots des autres, des mots trouvés, un système poétique générateur de formes et de couleurs. Que signifient maintenant et encore ces assemblages de lettres, raturées, recouvertes, choisies par l'artiste et associées à ses dessins ainsi qu'à ses propres écrits ? Jouant de ces épaisseurs de signes accumulées, l'artiste ouvre la porte d'aller-retours possibles entre passé et présent… Entre les paroles prononcées qui ne valent que par la mémoire, celles qui s'écrivent sur le papier pour en éviter la perte, mais finissent pas s'effacer au gré des aléas de la vie, du temps et de l'oubli.
Dans la continuité de son travail de dessins-poèmes et en écho à l'exposition Longtemps éphémère qui s'est tenu au musée d'Évreux, cet ouvrage présente les nouveaux dessins d'Alexandre Leger, ainsi qu'un ensemble d'œuvres graphiques issues des collections du musée.
Deuxième opus consacré au travail de l'artiste français Alexandre Leger, Longtemps éphémère fait suite au premier catalogue de l'artiste publié en 2019, Hélas, rien ne dure jamais pour toujours.
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme au Musée d'Art, Histoire et Archéologie, Évreux, en 2021-2022.
Le travail d'Alexandre Leger (né en 1977 à Paris, où il vit et travaille) est nourri de son environnement, de cahiers d'écriture, d'objets collectés et surtout d'une pratique quotidienne du dessin et de la poésie. Texte et dessin se déploient avec une égale importance dans ses séries, le dessin faisant écho au texte qui apparaît à la fois dessiné et imprimé, une imbrication qui rappelle des artistes qui lui sont chers, comme William Blake, Théophile Bra ou Antonin Artaud. Stylo, crayon graphite et aquarelle sont utilisés par couches successives et alternées jusqu'à l'image finale. Le dessin achevé cristallise ainsi un ensemble de gestes, rendant compte du caractère rituel de la pratique de l'artiste.