A partir de l'observation d'une société de singes capucins et d'expériences de pensée empruntées au théâtre, Zaven Paré tente de démonter les pièges de l'anthropomorphisation, dans une attention qui cherche à préserver le caractère irréductible d'une coprésence interspecifique.
La description d'une vingtaine de singes capucins fréquentant la forêt du jardin botanique de Rio de Janeiro les place tels les personnages d'un spectacle de la nature. De sa position d'observateur, Zaven Paré ne retient que quelques scènes uniques ou qui se répètent dans cette société de singes : le comportement d'un jeune ; un banquet ; l'occasion où le groupe trouve des noix, ou l'achèvement d'une journée. Successivement, il s'agit d'une scène d'apprentissage, d'une scène de partage, de la répétition d'un geste ou de comportements de détachement.
La valorisation morphologique dans une dynamique vivante des ébats de ces singes permet d'envisager la notion de construction de rapports de jeux. Ainsi, des singes en liberté jusqu'à la transposition de leurs comportements au théâtre, des analogies proposent une suite de comportements remis en question selon les interactions dans différents contextes.
À travers des expériences de pensée empruntées à l'un des personnages de Coetzee et se référant aux didascalies de pièces de Beckett, cette étude tente de mettre en perspective l'analyse des comportements de primates. L'auteur interroge les biais d'interprétation des dispositifs d'expérimentation et de spectacle, pour poser le singe et le robot comme deux spécimens aux antipodes, dont le spectacle anthropomorphique serait susceptible d'être repensé.
Spécialiste de théâtre et de robotique, Zaven Paré revient sur la pièce Au fond de la forêt du dramaturge Hirata Oriza, dont le récit se déroule parmi les bonobos et avec deux humanoïdes. Les humains y apparaissent piégés entre deux ébauches qui font apparaître de possibles convergences entre singes, acteurs et robots.
« Une approche à la fois originale et stimulante du problème de l'anthropomorphisme. »
Jill Gasparina, Critique d'art
Zaven Paré (né en 1961) est artiste et chercheur en design d'interaction. Il est à l'origine des premières marionnettes électroniques utilisées au théâtre. Il fut lauréat de la Japan Society for Promotion of Science (JSPS/CNRS) pour sa participation à la création du Robot Actors Project, au sein des laboratoires du professeur Ishiguro Hiroshi à l'université d'Osaka et à l'Institut international de recherches avancées en télécommunications (ATR) de Kyoto.
Zaven Paré a collaboré à autant de réalisations artistiques internationales pour les arts de la scène que de projets d'innovations technologiques pour la robotique. Ses machines comptent au nombre des œuvres de collections aux États Unis, en Russie et en Europe.