Un voyage en absurdie d'héroïnes bizarres et souvent inutiles, de youtubeuses looseuses et de manageuses improductives à souhait...
Dans l'écriture de Mathilde Ganancia ne sourdent de sa pratique artistique que quelques rares indices difficiles à repérer – si ce n'est qu'ils esquissent une fantasmagorie sociale au fantastique léger, une utopie vaguement féministe mais franchement déglinguée, farouche et sans issue. Quelque part entre Céline Minard et Alphonse Allais, l'auteure dessine des trajectoires d'héroïnes improbables mais sophistiquées, sorties d'un imaginaire so unusual. Ses courtes nouvelles sont de petits bijoux d'improbabilité qui forment cependant des itinéraires réjouissants, débouchant sur des situations cocasses où l'impensable finit par s'installer, à rebours de toute logique. Au moyen d'une langue châtiée, d'un vocabulaire distingué, utilisant juste ce qu'il faut de frenglish pour marquer sa contemporanéité, ses petits récits enchâssés et gentiment grinçants se moquent plus qu'ils ne condamnent des alternatives aux pratiques bien établies, comme la médecine allopathique – ringardisée par la nécessité d'être « en vogue » – ou les youtubeuses de l'espace prises à leur propre piège de la fame, écho jubilatoire à nos médiatiques super-héros, quand il ne s'agit pas de faire de la révolution des lunettes le prisme d'une ascension sociale désespérément vouée à l'échec.
« On vous tresse, vous pince la graisse, puis vous redresse. Des mains se glissent, et s'insèrent au plus profond de vous-même, pour déposer à l'intérieur de vos cavités thoraciques et abdominales quelques pépites en or. »
« Fraîches Fictions » est née d'un désir partagé par la maison
d'édition Zéro2 et le centre
d'art des Bains-Douches à Alençon, d'accueillir des
textes d'artistes,
prenant acte de la multiplication, sinon de la prolifération des écrits
d'artistes plasticiens et du manque dramatique de supports pour accueillir
une pratique susceptible de renouveler en profondeur les formes
poétiques
et
littéraires. Conjuguant
leurs efforts, leurs réseaux et leurs moyens, les deux structures,
grandement au contact des jeunes artistes (mais aussi des moins jeunes) ont
décidé d'offrir à ces derniers un espace pour accueillir leurs écrits. Au
rythme d'un ouvrage par an, puis bientôt de deux, les fondateurs entendent
bien poursuivre le projet de réaliser un inventaire, certes très incomplet
mais néanmoins très actuel de l'écriture
made by artists !
Le graphisme de la collection a été confié à l'équipe
bruxelloise de Sunny-Side-Up, qui a concocté un design épuré avec une
couverture bleu teintée dans la masse qui évoque la fraicheur de l'eau, avec
un embossage, seul élément de fantaisie, qui fait ressortir le titre de
l'ouvrage. Les deux « F » du monogramme apparaissent comme les deux altières
gambettes sur lesquelles galope la collection ou encore les deux drapeaux
qui flottent au vent de l'aventure. Dixit les graphistes, les ouvrages de
« Fraîches Fictions » jouissent d'« une mise en page aérée et d'une
typographie qui emprunte aux classiques leur confort de lecture. »
Mathilde Ganancia est une artiste diplômée des Beaux-arts de Paris en 2013. Après avoir travaillé à Londres puis en Irlande, elle enseigne aujourd'hui la peinture à l'École supérieure d'art et de design (TALM) du Mans. Elle est régulièrement invitée à des expositions personnelles et collectives dans des galeries, des centres d'art et des artists run spaces tels que les Bains Douches d'Alençon, le musée Eugène Delacroix, Glassbox, Palette Terre, la galerie Nord et Bagnoler à Paris, la Galleria Continua à Boissy-le-Châtel, Mains d'Œuvres à Saint-Ouen, l'Artothèque de Caen, la Space Collection à Liège, la Royal Hibernian Academy de Dublin et le Wexford Art Center en Irlande. Elle a aussi participé à plusieurs résidences artistiques en France et à l'étranger dont le Rhizome Lijiang art center en Chine en 2012, la Skowhegan School of Painting and Sculpture aux États-Unis en 2015 et le Parc Saint-Léger à Pougues-les-Eaux en 2020.