Une exploration du thème du vide en art (catalogue d'exposition).
Le titre de l'exposition Buveurs de quintessences fait référence au poème Perte d'auréole de Charles Baudelaire, dans lequel l'auteur relate l'expérience d'un artiste qui, ayant malencontreusement perdu son attribut, s'en accommode finalement fort bien. Celui-ci se trouve ainsi libéré de la pression entourant son statut de créateur et peut se mêler de façon anonyme à la foule.
La personnalité de l'artiste, son habileté technique et son savoir-faire sont dès lors remis en question et les principes fondamentaux de l'art, ébranlés. Avec Marcel Duchamp et Casimir Malevitch comme précurseurs, cette tendance artistique fondée sur la notion de vide a constitué un paradigme de l'art dans les années 1960. C'est à cette époque que de nombreux artistes ont commencé à aller à l'encontre de l'expressivité exacerbée alors dominante, cherchant à extraire de leurs œuvres le plus de contenu possible et mettant en retrait leur subjectivité. Parallèlement, ils ont été fascinés par la recherche d'infini, faisant ainsi fusionner dans leurs pratiques autant un point de vue critique qu'une recherche de sensation.
L'exposition Buveurs de quintessences regroupe des artistes canadiens et européens qui prouvent par leur démarche artistique leur intérêt pour une telle dialectique du vide aujourd'hui. Avec des œuvres minimales, en apparence vides de contenu, éphémères et furtives, l'exposition se positionne à contre-courant de « la société du spectacle » et appelle à une réflexion au-delà du regard.
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme à la Fonderie Darling, Montréal, en 2018 et au Casino Luxembourg en 2019.
Œuvres de Fortner Anderson, Steve Bates, Marie-Claire Blais,
Olivia Boudreau,
Claude Closky,
Marie Cool Fabio Balducci, Alexandre David, Adriana Disman, Kitty Kraus, Stéphane La Rue, Kelly Mark, János Sugár.