João Maria Gusmão présente Eugène Frey – Inventeur des célèbres Décors lumineux à transformations du Théâtre de Monte Carlo appliqués pour la première fois à l'Exposition universelle de Paris 1900
Peintre et inventeur, Eugène Frey (1863-1930) a développé en même temps que les pionniers du cinéma des techniques inédites de décor animé pour le théâtre. Aujourd'hui, l'artiste João Maria Gusmão réinterpète ces techniques et les recontextualise aux côtés de Loïe Fuller, Georges Méliès, Lotte Reiniger… Première publication consacrée à l'œuvre d'Eugène Frey, le somptueux catalogue de l'exposition au Nouveau Musée national de Monaco présente les textes de Stéphane Tralongo (université de Lausanne) et Laurent Mannoni (Cinémathèque française), ainsi qu'une œuvre de fiction par João Maria Gusmão.
Artiste oublié de l'histoire de l'art et de la scène, le jeune peintre Eugène Frey (Bruxelles 1863 - Courbevoie 1942) inventa en 1900 la technique des « Décors lumineux à transformations » – un système complexe de projections lumineuses combinant techniques picturale, photographique et cinématographique, qui permettait de conférer aux décors de scène de multiples variations de couleurs, de lumières et de formes, mais aussi d'y intégrer des images en mouvement. Il développa ce procédé unique sur la scène de l'Opéra de Monte-Carlo, entre 1904 et 1938.
Dans la volonté de redécouvrir l'œuvre prolifique d'Eugène Frey, le NMNM a invité l'artiste João Maria Gusmão à réinterpréter la technique des Décors lumineux.
Assimilant sa recherche à une enquête métaphysique sur le terrain des médias analogiques expérimentaux, détournant au passage le vocabulaire de pionniers du cinéma (tels Eadweard Muybridge) ou de physiciens et philosophes des sciences (James Clerk Maxwell, Ernst Mach), João Maria Gusmão a élaboré une installation scénographique composée de multiples projecteurs de diapositives modifiés. Synchronisées dans les différents espaces de la Villa Paloma, ces projections réactivent les différentes techniques d'animation utilisées par Frey, sous la forme d'un « micro-cinéma en lumière continue ».
Au fil de ce parcours pré-cinématographique, l'exposition confronte différents projets décoratifs d'Eugène Frey aux créations expérimentales de nombreux autres inventeurs, des premières années du XXe siècle jusqu'à nos jours, parmi lesquelles : les pièces d'ombres de Caran d'Ache; le théâtre mécanique de l'artisan-horloger Emmanuel Cottier ; le théâtre d'ombres de l'artiste Hans-Peter Feldmann et les performances de Lourdes Castro ; les films de silhouettes créés par Lotte Reiniger ou Michel Ocelot ; les expériences fantasmagoriques de Georges Méliès, Alexandre Alexeïeff et Claire Parker ou encore Jean Hugo ; les chorégraphies lumineuses de Loïe Fuller et les installations de Gusmão + Paiva.
João Maria Gusmão présente cette première monographie consacrée à l'œuvre d'Eugène Frey. L'ouvrage contient également des textes de Stéphane Tralongo, professeur de cinéma à l'université de Lausanne et de Laurent Mannoni, directeur des collections scientifiques de la Cinémathèque française.
Publié à l'occasion de l'exposition « Variations. Les décors lumineux d'Eugène Frey présentés par João Maria Gusmão », Villla Paloma, Nouveau Musée national de Monaco, du 7 février au 30 août 2020.
João Maria Gusmão (né en 1979 à Lisbonne) étudie à l'école des Beaux Arts de la capitale portugaise (FBAUL) de 1997 à 2002, où il rencontre Pedro Paiva (né en 1977 à Lisbonne). Les deux artistes débutent leur collaboration en 2001 et travaillent ensemble depuis. Ils mettent en place ce qu'ils décrivent eux-mêmes comme l'écriture d'une « fiction poétique philosophique », produisant un corpus artistique d'œuvres diverses et variées : de la sculpture à l'installation ou le court métrage en 16 ou 35 mm, en passant par l'écriture ou l'édition. Influencés par la science-fiction, l'ethnographie ou les sciences occultes et phénomènes paranormaux, leurs courts-métrages muets questionnent les limites de la perception à travers de petits scénarios énigmatiques, oscillant en permanence entre réalité et fiction, humour et poésie. Réalisés avec peu de moyens, avec des effets spéciaux « low-tech », ces films nous dévoilent volontairement les ressorts de leur fabrication. Si, au premier abord, leur démarche semble avoir un caractère scientifique, elle se révèle en fait plus proche de la pataphysique d'Alfred Jarry, détournant avec ironie les méthodes d'investigation de l'archéologie ou de l'anthropologie. Leur production récente porte sur le mouvement et la durée, notions qu'ils développent au sein du vocabulaire cinématographique, à travers des références aux pionniers du cinéma tels qu'Eadweard Muybridge et Étienne-Jules Marey, mais aussi au sein de leurs propres expérimentations et de leurs inventions conceptuelles.
En parallèle à leur travail plastique, ils publient depuis 2005 la revue philosophique Eflúvio Magnético, qui rend compte du vaste champ de leurs différentes recherches et interventions.
João Maria Gusmão nourrit également des collaborations de longue date avec d'autres artistes ainsi que des lieux alternatifs de la scène artistique lisbonnine : il a imaginé textes et images pour des projets avec Natxo Checa et ZdB et a travaillé avec Alexandre Estrela, Mattia Denisse ou Gonçalo Pena, entre autres artistes.
Les œuvres cinématographiques de Gusmão et Paiva ont été présentées à travers le monde lors d'expositions personnelles immersives ainsi qu'à plusieurs biennales : à São Paulo (2006), à Manifesta (2008), à Gwangju (2010) et à Venise (2009 et 2013). Leurs œuvres figurent dans les collections de plusieurs musées internationaux, parmi lesquels la Tate Modern, le musée Reina Sofia, le musée Serralves, le Centre Georges Pompidou, le Philadelphia Museum of Modern Art, le SFMOMA et le Nouveau Musée National de Monaco.