Contre l'hégémonie de l'innovation, ces derniers invitent à « mordre la machine », ré-ouvrir les boîtes noires, reprendre la main, transformer l'imaginaire technique. Leurs différentes approches – sous-veillance, médias tactiques, design spéculatif, statactivisme, archéologie des médias – explorent et expérimentent le
hardware des machines, les coulisses de l'intelligence artificielle, les algorithmes de surveillance, la reconnaissance faciale, la visualisation des données.
Ces actes de désobéissance numérique prennent le contre-pied de la gouvernementalité et souveraineté des plateformes (GAFAM). Ils réinscrivent l'histoire du code, du cryptage et du calcul dans une critique de la culture contemporaine et ré-ouvrent des voies d'émancipation citoyenne. « Faire œuvre de hacking » recouvre ici des enjeux sociaux et politiques autant qu'esthétiques : réflexivité (critique), autonomie, indépendance, réappropriation des cultures matérielles (contre l'obsolescence et contre l'opacité des systèmes). La question du détournement y est centrale, l'humour et la parodie y occupent une place de choix.
En proposant de « penser par l'art », l'ouvrage aborde différentes figures de cette désobéissance numérique à travers les œuvres de plusieurs artistes internationaux :
Trevor Paglen (USA),
Paolo Cirio (Italie, USA),
Julien Prévieux, Benjamin Gaulon, Christophe Bruno,
Samuel Bianchini (France),
Bill Vorn (Canada), Disnovation.org (France, Pologne, Russie), HeHe (France, Allemagne, Royaume-Uni).
« Jean-Paul Fourmentraux est l'un des spécialistes les plus pointus sur les croisements entre cultures numériques, questions politiques et art. C'est en sociologue bien informé d'œuvres contemporaines qu'il présente ici, en neuf chapitres, autant de démarches artistiques dirigées, chacune, de façon ironique, franche ou infiltrée, contre les effets de domination qu'exercent aujourd'hui les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft). »
Sylvie Coëllier,
Critique d'art
« Depuis quinze ans, le socio-anthropologue Jean-Paul Fourmentraux construit une œuvre critique et exigeante sur les liens entre art et (contre-)cultures numériques, sondant les enjeux des nouvelles formes qu'Internet, en tant que dispositif technique et réalité sociologique, a fait émerger [...]. Dans cet essai, il approfondit ses réflexions sur les discours technocritiques et les modalités de résistance artistique en s'intéressant aux hégémonies qui se sont constituées ces dernières années, ainsi qu'aux nouvelles aliénations et dispositifs de contrôle les accompagnant [...]. Finalement, cet essai pose un constat rassurant face aux discours désabusés contre les grandes plateformes du Net et leur pouvoir, que l'on présente inlassablement comme démesuré et hors de contrôle ; chaque émergence de systèmes d'oppression ou d'aliénation s'accompagnant nécessairement de moyens de résistance au pouvoir qui l'érode de l'intérieur, nouvelle étape d'une dialectique bien ancienne entre opprimés et oppresseurs. »
Clément Thibault,
L'Observatoire
« Jean-Paul Fourmentraux est un excellent spécialiste du Net Art et présente dans ce livre quelques œuvres d'artistes, associées à des extraits de livres de théoriciens de la technique et de critiques de la société de contrôle. Il met ainsi en relation les mondes de l'art et de la théorie critique, offrant au lecteur une réflexion stimulante sur le futur des innovations. »
Thomas Michaud,
Lectures