Dans le cadre du « Nouveau Sanctuaire », la programmation Satellite 12 organisé par le Jeu de Paume et le CAPC, la publication Une fausse pesanteur accompagne l'exposition de Daisuke Kosugi, un projet intime sur le corps handicapé, doublé d'une réflexion sur l'architecture domestique.
Dans le cadre du « Nouveau Sanctuaire », une série d'expositions
proposée par Laura Herman sur la manière dont l'architecture se rapporte au
corps et aux sens, la publication Une fausse pesanteur accompagne
celle de Daisuke Kosugi, troisième et dernier épisode du cycle.
L'architecture de la maison apparaît comme une toile de fond têtue, un
présupposé immuable. Le corps dépend d'elle pour structurer ses activités
quotidiennes, parfois au point d'étouffer dans la domesticité. Que se
passe-t-il quand nos corps se disjoignent de leur environnement bâti ?
Les propriétés architecturales représentent certaines idées et persistent à
travers le temps, à la différence de nos corps, de nos habitudes et de nos
routines.
Le film A False Weight, présenté dans l'exposition, brosse un
portrait expérimental de Tadashi, personnage fondé sur le père de l'artiste.
Tadashi est un ancien architecte et bodybuilder japonais à qui l'on a
diagnostiqué une maladie cérébrale rare et incurable qui affecte
progressivement ses mouvements et ses habitudes. En nous entraînant dans
un voyage architectural et domestique scandé par les trois
phases de la maladie, le film révèle le conflit intérieur d'un homme déchiré
entre son désir de force, d'efficacité et d'indépendance, d'une part, et,
d'autre part, l'acceptation du déclin rapide de son corps grâce à la danse
butō. À travers des séquences répétitives, le film introduit dans
l'architecture du foyer un temps à dimension « humaine », répétitif plutôt
que linéaire, émancipateur plutôt qu'oppressif.
Comprenant une conversation entre Daisuke Kosugi et Laura Herman ainsi qu'un
essai de Zuzana Kovar, théoricienne de l'architecture, cet ouvrage aborde
les possibilités d'émancipation du corps handicapé vis-à-vis d'une
architecture inadaptée et des idéaux d'efficacité, tout en traitant de la
tromperie inhérente aux représentations contemporaines du corps idéal.
Publié à l'occasion des expositions éponymes au Jeu de Paume, Paris, du 15 octobre 2019 au 19 janvier 2020, au CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux, du 31 octobre 2019 au 23 février 2020 et au Museo Amparo, Puebla (Mexique), du 28 septembre au 14 octobre 2019.
Initiée en 2007, la programmation Satellite du Jeu de Paume est dédiée à la création contemporaine. Depuis 2015, le Jeu de Paume et le
CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux organisent conjointement ce programme d'expositions, assuré dès sa création par des commissaires d'envergure internationale (Fabienne Fulchéri, María Inés Rodríguez, Elena Filipovic,
Raimundas Malašauskas, Filipa Oliveira,
Mathieu Copeland, Nataša Petrešin-Bachelez, Erin Gleeson et Heidi Ballet). En 2019, elle est également présentée au Museo Amparo de Puebla (Mexique).
Chaque exposition est accompagnée d'une publication imaginée comme une carte blanche au commissaire et aux artistes. Conçue dans un dialogue étroit avec un studio graphique renouvelé à l'occasion de chaque édition, cette série d'ouvrages s'offre comme un espace de création autonome au sein de la programmation Satellite.
Intitulée « Le Nouveau Sanctuaire » la douzième édition de la programmation Satellite, confiée à Laura Herman, présente les propositions de
Julie Béna,
Ben Thorp Brown et Daisuke Kosugi qui étudient, du point de vue de leurs pratiques individuelles, la capacité qu'a l'environnement aménagé d'accueillir le corps et les sens, d'en prendre soin et de les investir.
Comment l'espace détermine-t-il la façon dont nous nous sentons ? Basée sur l'idée d'un environnement menaçant et hostile, l'une des définitions fondamentales de l'architecture est de fournir un abri et un certain confort au corps humain. L'idée répandue de l'habitation comme « peau de substitution » nous vient de l'architecte allemand du XIXe siècle Gottfried Semper qui décrivait l'enclos de l'animal, fait de peaux et de feuillages, comme l'origine de l'espace architectural « privé ».
Aujourd'hui, cette conception de l'architecture comme spatialité enveloppante – le désir moderne d'offrir un lieu de refuge – n'est plus opérante. Si nous devons reconsidérer l'architecture comme le point de rencontre entre différentes références culturelles, différentes pratiques, différents rituels, désirs et besoins, comment imaginer un sanctuaire adapté au monde actuel ?
Laura Herman (née en 1988 à Bruxelles) est diplômée du Centre for Curatorial Studies du Bard College (CCS Bard, 2016), à New York, et titulaire d'un master de littérature moderne comparée. Laura est curatrice pour La Loge, un espace bruxellois dédié à l'art contemporain, à l'architecture et à la théorie. Elle est rédactrice pour
De Witte Raaf, revue d'art bimensuelle distribuée en Belgique et aux Pays-Bas. Ses critiques et essais ont notamment paru dans
Mousse,
Frieze,
Spike Art Quarterly, et elle a organisé des expositions et des événements comme « Natural Capital (Modal Alam) » au BOZAR, à Bruxelles ; « Third Nature » au Hessel Museum, à New York ; « Definition Series: Infrastructure » au Storefront for Art and Architecture, à New York et « Wild Horses & Trojan Dreams » chez Marres, à Maastricht.
Basée à New York, Irene Sunwoo est historienne de l'architecture, commissaire d'exposition et écrivaine. Elle est commissaire d'exposition de l'Arthur Ross Architecture Gallery et la directrice des expositions à la School of Architecture, Planning and Preservation (GSAPP) de l'université de Columbia. En 2015, elle fut commissaire d'exposition associée de la première Biennale d'architecture de Chicago. Elle est également l'auteure de
In Progress: IID Summer Sessions (AA Publications, 2016) et ses écrits ont été publiés dans
Grey Room,
AA Files,
Getty Research Journal,
The Avery Review et
Domus, entre autres revues.
Daisuke Kosugi (né en 1984 à Tokyo, vit et travaille à Oslo) est un
artiste japonais. Avec l'artiste Ina Hagen, il a cofondé
l'espace d'exposition et d'échange artistique « Louise Dany » à
Oslo. Son travail a été présenté au LIAF (Lofoten International Art
Festival) en Norvège ; au festival CPH:DOX 2017, Copenhague (lors
duquel il a obtenu la « mention spéciale » du NEW:VISION
Award) ; à la 11e Biennale de Gwangju, Corée du Sud (2016) et à la
Konsthall de Malmö, Suède (2016). Il a reçu le Prix français de l'Institut
français de Norvège lors de l'exposition « Høstutstillingen
2017 » à Oslo. Il a été en résidence au WIELS, Bruxelles (2017), et à
la Cité internationale des arts de Paris (2018). Au printemps 2019, il a
créé une performance dans le cadre de « Move » au Centre
Pompidou.