Dans ce livre vaste et pointu, Erin Manning élargit ses recherches concernant la politique du mouvement au concept de geste mineur.
Bien que pouvant passer presque inaperçu, le geste mineur transforme le champ des relations. Plus qu'une variation hasardeuse, moins qu'une volition, il implique de repenser nos présupposés communs à propos de l'agentivité humaine et de l'action politique. Accueillir la puissance du geste mineur à modeler les relations, accueillir sa capacité à ouvrir de nouveaux modes d'expérience et de nouvelles modalités d'expression, c'est défier la dévaluation que l'image neurotypique de l'humain inflige aux modes d'être alternatifs, qui sont mus par le monde et qui s'y meuvent – notamment ce qu'Erin Manning appelle « la perception autistique ». En s'appuyant sur la schizo-analyse de Deleuze et Guattari et sur le pragmatisme spéculatif de Whitehead, les analyses profondes de Manning embrassent aussi bien la mode que la dépression, en passant par les écritures d'autistes, affirmant à chaque fois la neurodiversité du mineur et la politique alternative vers laquelle il tend.
Artiste, théoricienne culturelle et philosophe, Erin Manning est professeure à la faculté des Beaux-Arts à l'université Concordia (Montréal). Elle est également directrice du SenseLab (www.senselab.ca), un laboratoire de recherche qui explore les intersections entre la création artistique, la philosophie et le politique. Ses œuvres ont été exposées, entre autres, dans les Biennales de Sydney et de Moscou, à la Glasshouse (New York), au Musée d'Art de Vancouver, au Musée McCord de Montréal et à la Maisons des Cultures du Monde à Berlin. Elle a notamment publié The Minor Gesture (2016), Always More Than One: Individuation's Dance (2013), Relationscapes: Movement, Art, Philosophy (2009) et, avec Brian Massumi, Thought in the Act: Passages in the Ecology of Experience (2014).