Une étude transdisciplinaire qui éclaire d'un jour nouveau la naissance de l'
architecture moderne en France par ses relations avec le
texte imprimé, vecteur de la diffusion de l'idéal architectural à l'échelle de la nation, et l'émergence de la sphère publique entre la fin du XVIIe siècle et la Révolution française.
Proposant une analyse détaillée des débats publics ayant éclaté au moment de l'édification de monuments parisiens tels que la façade est du Louvre, la place Louis XV (actuelle Place de la Concorde), ou l'église Sainte-Geneviève (actuel Panthéon), l'étude de Richard Wittman présente l'introduction de l'architecture au sein du débat public comme élément fondateur de la modernité, impactant tout à la fois l'individu et la société française. Dessinant une histoire culturelle de l'architecture parisienne et française grâce à de nouvelles recherches primaires et une orientation théorique inédite qui révèle les connections entre architecture, imprimé et sphère publique, croisant de nombreux points de vue originaux, l'ouvrage offre de nouvelles perspectives en matière d'étude architecturale et d'historiographie.
« Le lecteur, spécialiste de l'architecture des Temps modernes, trouvera dans ce livre deux aspects essentiels qui manquaient jusqu'ici à l'histoire de l'architecture des Lumières. D'une part, c'est le regroupement, à partir d'analyses fines, d'informations sur les écrits d'architecture les plus divers de la période, non pas pour en détailler les contenus mais davantage pour situer les circonstances et le contexte de leur conception/publication. D'autre part, en corollaire, la réception critique – ou parfois simplement de propagande – met en lumière des courants de pensée, des réseaux d'influence, des personnalités agissantes du monde de l'art, qui s'exposent dans une trame politique beaucoup moins monolithique que ne le laissent à penser ces paresseuses appellations de l'histoire la plus traditionnelle, et bien vides de sens : style Louis XV ou style Louis XVI.
L'enjeu de ce livre est donc essentiel à l'avenir de la discipline. Il devient un modèle nécessaire, applicable à toutes sortes d'études, monographiques, géographiques, catégorielles, car sa méthode analogique révèle bien des perspectives signifiantes, par simple comparaison ou confrontation de faits minutieusement contextualisés.
Richard Wittman reconstitue des zones d'influence qui, en se déplaçant par exemple, de la cour à la ville, témoignent d'une prise de conscience aiguë des valeurs symboliques, militantes et identitaires de l'art dans la vie urbaine – la critique de l'architecture rejoignant évidemment celle des Salons du Louvre, tellement mieux connue jusqu'ici. »
Daniel Rabeau
Richard Wittman est maître de Conférences au Département d'histoire de l'art et d'architecture à l'Université de Californie à Santa Barbara. Il se spécialise dans l'histoire culturelle de l'architecture et de l'urbanisme en Europe aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles.