Cette étude historiographique consacrée au théoricien de l'art, écrivain et militant
anarchiste allemand
Carl Einstein (1885-1940), contemporain des avant-gardes, acteur de quelques-unes de leurs opérations les plus marquantes (
Dada à Berlin, le
cubisme, etc.), qui fut aussi leur premier
historien, explore plusieurs couches de l'histoire du début du XXe siècle et ouvre une réflexion critique sur quelques tropismes épistémologiques d'aujourd'hui.
Si l'art a pour tâche d'organiser le sensible afin de former des hommes libres, cette liberté ne peut surgir que de formes symboliques contraignantes, aux antipodes du libéralisme moderne : cet impératif paradoxal fut commun aux avant-gardes historiques et à leur premier historien – Carl Einstein, intellectuel allemand qui a circulé entre les disciplines et qui s'est consacré autant à l'écriture qu'à l'action politique. Constante durant les trente années traversées par ce livre (1910-1940), la tension entre contrainte et liberté s'est exprimée selon cinq temporalités différentes : apocalypse primitive, présentisme, dialectique du tragique, mythe et longue durée. Chaque fois, ces temporalités se glissaient dans des dispositifs formels précis et véhiculaient des rapports changeants entre l'art, les sciences de l'homme et l'action politique. Cet ouvrage est une étude historiographique, une sonde explorant plusieurs couches de l'histoire de cette période et, enfin, une réflexion critique sur quelques tropismes épistémologiques d'aujourd'hui.
« L'ouvrage offre une analyse vertigineuse d'une pensée complexe, brûlante, profondément politique, mue par la conviction que l'art doit “organiser le sensible afin de former des hommes libres”, et prête à affronter les contradictions que cette conviction implique. Ce faisant, l'auteure restitue notamment les étapes d'une réflexion majeure sur le cubisme. »
L'Objet d'Art – Dossier de l'art
« Dans son livre conséquent, le propos de Maria Stavrinaki n'est pas de retracer le fil biographique du critique d'art, mais d'en restituer la pensée dans toute sa complexité et elle y parvient avec une grande finesse. »
Maureen Murphy,
Critique d'art
Maria Stavrinaki enseigne l'histoire de l'art contemporain à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Elle travaille sur les croisements entre l'art de la modernité, les sciences humaines et la pensée politique et s'intéresse tout particulièrement aux questions du
temps et de l'écriture de l'histoire. Elle a co-dirigé, avec Maddalena Carli, l'édition de
Artistes et partis – Esthétique et politique (1900-1945) (Les presses du réel) et co-organisé l'exposition « Préhistoire, une énigme moderne » (Centre Georges Pompidou, 2019).
Voir aussi
Artistes et partis – Esthétique et politique (1900-1945) (édité par Maria Stavrinaki et Maddalena Carli).