Publication regroupant la totalité des textes et des enregistrements des Biopsies (1965-1969).
BIOPSIE : « prélèvement d'un fragment de tissu sur un être vivant pour l'examen histologique » (Petit Larousse illustré).
« M'appuyant sur cette définition, j'ai, dans la seconde moitié des années soixante, réalisé toute une série de poèmes, souvent courts, en partant d'éléments, non pas prélevés sur le corps humain, mais appartenant au corps social. Ce furent ainsi, pour certains d'entre eux, parfois des sortes de “poèmes trouvés”, autour de moi, dans le domaine économique, administratif, social, citadin… Mon activité professionnelle me fournissait une mine d'informations, banales, cocasses et quotidiennes, parfois fascinantes par leur impact, leur rôle, leur jeu, leur efficacité, leur utilité, leur bêtise. Il m'est arrivé souvent d'écrire que mes poèmes étaient des poèmes SERPILLIÈRES, des poèmes ATTRAPE-TOUT, des poèmes ÉPONGES, des poèmes CANIVEAUX, ceci en vue de tenter de sublimer le BANAL, l'ordinaire, le rien-du-tout, notre “ordinaire”, notre quotidien. Ne serait-ce que pour le mettre en évidence, le comprendre, le vivre et l'exorciser. Et se familiariser ou rire de ses riens. »
À l'origine du courant de la
poésie sonore,
Bernard Heidsieck (1928-2014) est considéré comme l'un des plus grands
poètes français du XXe siècle.
Au milieu des années 1950 il décide de rompre avec la poésie écrite,
pour la sortir hors du livre. À une poésie passive, il oppose une poésie active, « debout »
selon sa propre expression. Il est l'un des créateurs, à partir de 1955, de la Poésie
Sonore et, en 1962, de la Poésie Action. Il utilise dès 1959 le magnétophone comme
moyen d'écriture et de retransmission complémentaire, ouvrant ses recherches à des
champs d'expérimentation nouveaux.
Tout en restant attaché à la sémantique, il s'émancipe peu à peu des contraintes de la
langue. Il en explore toutes les dimensions formelles que ce soit par la spatialisation
du texte, dans les partitions qu'il écrit, ou par la présence de son corps dans l'espace.
Le son revêt avec lui une dimension plastique, notamment grâce à sa diction
exceptionnelle basée autant sur le souffle que sur une articulation parfaite ou sur les
inflexions sans cesse renouvelées de sa voix.
Au fil des années, son écriture se réinvente pour mieux rendre compte de notre
quotidien, de notre univers social, politique ou économique, au travers de ses principaux
événements, comme dans son extrême banalité. Il développe en 1955 ses premiers
Poèmes-Partitions. Puis, il ne cesse de travailler par séries avec les
Biopsies entre 1966
et 1969 (au nombre de 13). De 1969 à 1980, ce sont les 29
Passe-Partout. De 1978 a
1986, il écrit
Derviche/Le Robert composé de 26 poèmes sonores. Puis à partir de 1988,
Respirations et brèves rencontres (60 poèmes produits à partir d'archives d'enregistrements
de souffles d'artistes).
Parallèlement à sa propre activité, il organise en 1976 à Paris le premier
Festival
International de Poésie Sonore à l'Atelier Annick Le Moine, et en association avec
Michèle Métail,
Les Rencontres Internationales de Poésie Sonore à Rennes, au Havre et à Paris au Centre Georges Pompidou. Il participe pendant de nombreuses années à l'organisation du
festival
Polyphonix dont il assure un certain temps la présidence. Il réalise plus de 540 lectures publiques de ses textes dans une vingtaine de pays.