Publication présentant un corpus de 176 hiéroglyphes, composé de 88 dessins à lire, et de 88 textes à regarder. Réalisée en 1962 et retrouvée récemment, cette série de jeunesse dévoile la genèse d'une œuvre consacrée aux formes sphériques, des textes sur les yeux aux sculptures de boules.
Les textes ne commentent pas, les dessins n'illustrent pas, il s'agit bien d'un déchiffrage en cours auquel le lecteur est convié, déchiffrage qui s'effectue dans une infinité de liens et d'échos entre les yeux dessinés et les textes sur les yeux.
Tandis que les mots essayent d'avancer, comme à tâtons, pour exprimer l'inexprimable (l'appréhension du monde à travers des yeux qui peuvent tout voir sauf… eux-mêmes), à travers les dessins ces mêmes yeux se déchaînent de page en page : yeux en ballons, en cage, en caisse, en pyramides… yeux séchant, volant, rampant… écrasés, écartelés, comprimés, éclatés… yeux monstres, yeux doux, yeux amères et yeux de terre. Entre Shadocks et
art brut : c'est un peu la génèse du travail de Jean-Luc Parant qui est proposé ici, à travers ces œuvres retrouvées (de 1962).
Grand nomade, poète et artiste, fondateur de la Maison de l'art vivant dans la Drôme, Jean-Luc Parant (1944-2022) est l'auteur de près de 200 publications, depuis ses premiers textes parus chez Fata Morgana et Christian Bourgois en 1976. Son œuvre poétique, toute entière portée par la question de la sphérité, est un regard unique posé sur le réel, cet impossible à voir et à saisir autrement que par les signes. « J'écris des textes sur les yeux pour pouvoir entrer dans mes yeux et aller là où mon corps, ne va pas, où je ne suis jamais allé avec lui, où je ne me rappelle pas avoir été touchable. Pour aller là sur la page, dans ma tête, dans l'espace. Je fais des boules pour pouvoir entrer dans mes mains et aller là où mes yeux ne vont pas, où je ne suis jamais allé avec eux, où je ne me rappelle pas avoir été visible. Pour aller là dans la matière, dans mon corps sur la terre. »
Jean-Luc Parant a exposé ses œuvres, entre autres, à la Fondation Maeght, au Centre Georges Pompidou ou encore au Musée d'art moderne de la ville de Paris.