Une pièce pour contre-ténor (Miguel Quiñones), perroquets (Charro Cadena, Pistaccio Lopez), voix et dead electronics (synthétiseurs Kurzweil, Moog, et applications pour smartphone par Frédéric Acquaviva), composée dans le cadre d'une résidence au Mexique, autour des notions de frontières et de déshumanisation, basée sur des sources sonores in situ.
No Soy Un Robot was composed from February to April 2003 in Monterrey with the pretext of a composing residency in Mexico. The specificity of this city, located just under the Texas US border, encouraged me to further investigate the concept of borders and limitations, and how to cross and finally get rid of them for a trully multidimensional life.
Staying away from representational field recordings while using only in situ sound sources, I incorporated all the new sounds and ideas living around my new mexican ecosystem, such as technological ones with the use of a smartphone (that I was finally obliged to get due to the dangerousness of the city), with its sound apps, sound messages and portable recording possibilities or impossibilities. I also played the Kurzweil keyboard that was waiting for me in the flat I was staying, as well as the Moog synthesizer of the university electroacoustic studio.
Mexican border cities are known for their "feminicidio machine", which led me to investigate through gender perspective about the "animality" of human beings by recording sessions with two parrots, themselves seen as terradactyl prototypes of AI and GPT bots, as if gender based violence - GBV - was transmitted through ancient algorithms of men's bestiality. Next to computerised voices fed with different geographical accents in this particular historical moment where bots demand you to confirm by security prompt whether you are human or inhuman and when human beings finally aim to behave like robots, I also wrote a part for the voice of a young mexican countertenor, himself turned into a robot through electroacoustic manipulations.
I wonder if in the future, robots will listen to No Soy Un Robot, this music manifesto for a post-colonial music and an extended (sound) world where animals, humans and technology are seeking for complex critical thinking, tolerance and creative polylogues, engaging human nature far away from its physical frontiers, limits and borders into the territories of autonomy and joy of dissonance.
Frédéric Acquaviva
Créé le 21 avril 2023 au CEIIDA, Monterrey (Mexique) à l'occasion de la première résidence artistique organisée par l'Université autonome de Nuevo León (UANL), le Centro de Investigación, Innovación y Desarrolo de las Artes (CEIIDA), l'Institut français d'Amérique latine (IFAL) et le Consulat général de France à Monterrey.
Frédéric Acquaviva, né en 1967, est depuis 1990
artiste sonore et compositeur de
musique expérimentale, d'installations chronopolyphoniques, diffusées sur CD, en galeries, dans des musées et lieux institutionels ou lieux alternatifs, dans le monde entier.
Hors des circuits traditionnels des musiciens et compositeurs, il rencontre puis travaille de manière continue avec quelques figures historiques de l'art, de la poésie ou de la vidéo bien avant leur reconnaissance médiatique (
Isidore Isou, Maurice Lemaître, Marcel Hanoun,
Pierre Guyotat,
Jean-Luc Parant...), ainsi qu'avec la chorégraphe Maria Faustino, le cinéaste
FJ Ossang ou la mezzo-soprano
Loré Lixenberg.
Sa musique, dé-concertante et dont il aime choisir le dispositif d'écoute, explore de manière toujours nouvelle les rapports de la voix, du langage, du son et du sens, ainsi que l'idée d'un corps intégré à la composition musicale quoique totalement absent lors des auditions de ses œuvres (par diffusion acousmatique ou installation sonore). Mais, comme le remarque
Eric Vautrin dans
Mouvement, son travail n'est pas « un travail sonore mais un travail sur le sonore ».
Acquaviva devient en même temps l'un des protagonistes essentiels de la redécouverte des avant-gardes historiques et notamment du
Lettrisme (
Isidore Isou, dont il dirige l'édition de la
première monographie ; Gabriel Pomerand, Maurice Lemaître, Gil J Wolman, Jean-Louis Brau, Jacques Spacagna,
François Dufrêne, Roland Sabatier, Alain Satié,
Broutin...), de la
poésie sonore (
Henri Chopin,
Bernard Heidsieck) et de quelques figures isolées (Pïerre Albert-Birot,
Otto Muehl...), à travers des actions fort diversifiées : orchestrations ou réalisations sonores des symphonies de
Isou, Lemaître et Pomerand, livres, conférences, constitution de bases de données et d'archives, commissariat d'expositions (notamment, depuis 2014, dans le cadre de l'
artist's space « La Plaque Tournante » qu'il a fondé à Berlin avec Loré Lixenberg), projets radiophoniques, réalisations de vidéos, et édition, comme
directeur de collection aux Editions Derrière la Salle de Bains, ou avec ses propres éditions :
AcquAvivA, et la revue
CRU.
En 2020, Frédéric Acquaviva devient le troisième compositeur français (après
Pierre Henry et
Luc Ferrari) à obtenir le prestigieux Karl Sczuka Prize (Donaueschingen / SWR) avec son opéra
ANTIPODES (texte
Joël Hubaut), prix également obtenu par
John Cage ou Mauricio Kagel.
Voir aussi
Yoann Sarrat : Phonosophie et corporalité compositionnelle – L'art sonore de Frédéric Acquaviva