Un ensemble de textes inédits et de nouvelles traductions pour redécouvrir la pensée du cinéaste d'avant-garde et théoricien soviétique Dziga Vertov, assortis d'un appareil critique et de nombreux documents iconographiques.
Dziga Vertov (David ou Denis Kaufman, 1896-1954) est un cinéaste et théoricien du cinéma de non-fiction.
Originaire de Biaļystok, ville marquée par une intense vie culturelle et par la persécution de la population juive, il y suivit des études de musique. Il s'installa ensuite à Petrograd où il étudia à l'Institut de psycho-neurologie (1914-1916) dirigé par Vladimir Bekhterev. Plusieurs orientations scientifiques au sein de cet Institut – la conception de la caméra comme une extension de l'œil humain, l'intérêt pour l'organisation rationnelle du travail et l'énergétisme – furent fécondes pour sa pratique. Au sein de son « Laboratoire de l'ouïe », Dziga Vertov s'intéressa à l'enregistrement et au montage de sons, à la composition de bruitages et aux outils mnémotechniques. Employé du Comité du cinéma de Moscou à partir de 1918, Vertov y filma la série d'actualités
Kino-nedelia (1918-1919), puis organisa entre 1919 et 1921 des prises de vues et des projections dans des dispositifs mobiles (trains, voitures), notamment dans le cadre de l'Armée rouge. Il dirigea le Secteur de la diffusion au sein du Département ciné-photo. Il réalisa ensuite la série des
Kino-Pravda (à partir de 1922), puis
Goskinokalendar (1923). Influencé par le
futurisme à ses débuts (poétiques), il se rapprocha des théoriciens du
constructivisme Alekseï Gan et RAoledxtacnhdernek Rodtchenko, bien que sa pratique fût éloignée de la « fixation du fait » conceptualisée par le LEF (Front gauche de l'art) et que Vertov se démarquât de ce courant. Gan promut largement son travail dans les pages de
Zrelichtcha,
Ermitaj,
Proletkino, et
Kino-fot, dans lequel il publia son manifeste « Nous ». C'est également aux
Kino-pravda que Gan consacra largement sa brochure
Vive la présentation de la vie quotidienne ! (1923). Grâce au soutien que les constructivistes apportèrent à ses films,
En Avant, Soviet ! (1926),
La Sixième Partie du monde (1926),
La Onzième Année (1927-1928) et
L'Homme à la caméra (1929), Vertov fut vu comme un des réalisateurs proches du mouvement, au même titre que Koulechov, Choub et
Eisenstein. C'est d'ailleurs dans leur revue
Lef que parut en 1923 son manifeste « Kinoks – révolution ». Il partageait avec ses théoriciens plusieurs points essentiels : le rejet du statut d'artiste, des cinédrames, de la fiction littéraire, de l'illusion dans le décor comme dans le jeu, et défendait comme eux la construction de ciné-objets, la captation de faits réels, l'association d'amateurs aux prises de vues, une conception nouvelle des intertitres (en collaboration avec Rodtchenko) et du montage. Lorsque la revue du groupe fut relancée en 1927 (
Novy Lef), Vertov prit ses distances, défendant la singularité de son mouvement, le
Ciné-œil.
Voir aussi
La Sixième Partie du monde.