Au sommaire de ce numéro consacré à l'espace comme lieu d'
utopies : carte blanche aux Éditions du Chemin de fer, qui allient les mots de Christophe Ségas aux travaux d'artistes contemporains ; un essai de
Pierre Senges ; retour sur la collaboration entre l'artiste
Eduardo Kac et le spationaute Thomas Pesquet ; résidence théâtrale au CNES ; contributions littéraires et plastiques…
Espace(s) n°14 s'aventure dans le pari fou d'inscrire sur le papier ce que l'espace peut dévoiler lorsqu'on l'interroge au regard des idéaux qui peuvent s'y projeter. Sur le thème « Espace, lieu d'utopies », et dans la lignée du numéro précédent qui refondait les principes de la revue, arts plastiques et littérature y soutiennent un accord rythmé. La somme de toutes les propositions de ce numéro laisse entrevoir la possibilité d'inventer d'autres sociétés, d'autres règles, d'autres langages, mais aussi d'autres jeux ou d'autre lois. Réunies toutes ensembles, elles esquissent la promesse d'une action, la possibilité de concevoir l'idéal comme un possible. L'espace, son terrain de jeu, est alors pris comme le lieu parfait pour un ré-enchantement de la pensée, que l'on sèmerait de nos images, de nos histoires et de nos gestes.
Pour renforcer le virage éditorial à deux voix, les Éditions du Chemin de fer sont invitées à s'emparer d'un chapitre de la revue sous la forme d'une carte blanche où un texte signé par l'écrivain Christophe Ségas rencontre les travaux de quatre artistes contemporains (Olivier Umecker, Frédérique Loutz, Frédéric Malette,
The Pit). De ce nouvel engagement est né également la nécessité d'ouvrir la rubrique « Exploration » à des contributions plastiques en plus des propositions littéraires habituelles (Ange Beuque, Romain Sein, Joséphine Lanesem, Renaud Baur, Guerric de Crombrugghe, Marina L. Karin Serres,
Elise Parré, Patrice Luchet).
Entre réalité terrienne et départ définitif de l'homme dans l'espace, le romancier Pierre Senges nous plonge au cœur des contradictions essentielles au principe de l'utopie dans son Essai de palingénésie spatiale qui consacre la rubrique « Cosmologies #2 ». Un jeu de jongle et de tension entre la causalité et la poésie qui cohabitent dans le cosmos est ainsi posé, que l'on retrouve dans le dossier « Protocole » consacrant le processus de collaboration entre l'artiste Eduardo Kac et le spationaute Thomas Pesquet qui vient de donner lieu à la première œuvre jamais réalisée dans l'espace avec le soutien de l'Observatoire de l'Espace.
Ce dernier numéro de la Revue ne pouvait se passer des rendez-vous pris avec ses lecteurs au travers de rubriques récurrentes telles que « Résidence » tirée directement du programme Création et Imaginaire spatial. Les mécaniques de création s'y lisent et se métamorphosent en portes d'accès aux imaginaires des artistes sollicités (Théodora Barat, Anaïs Tondeur,
Bertrand Dezoteux) et en secrets suggérés de leur construction. Le dossier « Projet Arrière-plan », témoin d'une résidence théâtrale réalisée pendant plusieurs mois par trois collectifs d'artistes et troupes de théâtre (Compagnie Laïka / Thierry Gilotte, Rémi Mort & Samy El Ghassasy / Full PETAL Machine), suit cette même lignée.
Puisque l'utopie est aussi le rêve d'un avenir meilleur, la rubrique « Vocabulaire » a invité cinq auteurs (Charles Robinson,
David Collin, Gaëlle Obiegly, Solenn Denis, Hélène Gaudy) à investir la possibilité d'une future vie ailleurs qui, parfois, se meut en un retour sur soi.
Publiée de 2005 à 2022 par l'
Observatoire de l'Espace, le laboratoire culturel du CNES, la revue
Espace(s) est tournée vers toutes les formes de création inspirées du monde spatial. Contemporaine, elle propose dans chaque numéro d'explorer un nouveau thème et d'ouvrir ses pages à des contributeurs de tous horizons ; auteurs, artistes et chercheurs en sciences humaines y déploient des récits singuliers. Qu'il s'agisse de la restitution d'un travail de résidence, d'un éclairage sur une problématique spatiale, d'objets visuels, de textes littéraires ou académiques, les découvertes à faire dans la revue composent un riche panorama à l'intersection de la création et de l'Espace. La revue est prolongée par
Arts et Espace à partir de 2023.