Nouvelle monographie : un ensemble de 352
aquarelles réalisées depuis 2006 sur le thème des
paysages industriels.
Il y eut le port et cette histoire est finie… Tu ne monteras jamais plus sur un navire… tu n'entreras jamais plus dans ce qui est devenu une citadelle. Des quais, maintenant interdits, déserts, où ce qui peut être accueilli sombre lentement ; où, sur un flotteur – scène creuse –, debout, je prononce le mot submersible ; il résonne, là, aux oreilles, comme inconnu. Des fonds, il remonte ! De cette haute barrière je longe les murs. J'y devine les fantômes des lavandières Hélène et Pénélope. S'entend la rencontre des épées, le murmure de l'assiégé. La zone paresseusement s'isole ; elle est cette franchise dont les mécanismes de soutien sont devenus inaccessibles. De cette rive, je lance mes projectiles ! La position depuis laquelle je les envoie ressemble en tout point à ce que je tente d'atteindre. La lenteur de ce naufrage – cette déformation – permet encore d'en sentir les sous-couches en nombre infini ; le sans-fond de l'image ne se trouvant nulle part ailleurs que devant les yeux ; l'objectif d'en considérer, d'en soutenir, la modification appuyée, elle-même à elle-même ; la situation inamicale dans laquelle elle se divise. De face et de dos, mes masques défaillants, les symptômes implacables ! La réserve d'air, qui prend l'eau ou s'évapore, maintenant oblique, ressemble à la pente faible que constitue la série qui longe d'autres histoires à pente faible : chaîne ininterrompue de combats, de répétitions, d'explorations… L'action dramatique et son complément d'objet – dilapidation – se jettent des pierres : pluie d'impacts : précipitations venues de contrées si lointaines, si proches, réfléchissant un mur de boîtes joliment coloriées.
Le travail d'Yvan Salomone (né en 1957 à Saint-Malo, où il vit et travaille) commence par la reproduction sur format identique d'images qui sont ensuite retravaillées et recadrées. S'obligeant à suivre un protocole très strict, il réalise chaque semaine une aquarelle, à partir de photographies donnant à voir des lieux délaissés, périphériques, sans vie humaine. La singularité de l'œuvre de Salomone se situe dans cette rencontre anachronique et inattendue entre le classicisme de la technique et l'approche résolument contemporaine du sujet. L'artiste a consacré une part importante de son travail à la représentation de sites portuaires de sa région natale, qu'il a élargie ensuite aux images de chantiers et autres terrains vagues.