Les séries protéiformes à l'origine de ce catalogue ont pour point d'appui le corps de femme enceinte de Fatima Mazmouz, compris comme véritable processus artistique et lieu de performance. Alors que le corps de la femme n'échappe à aucun cliché, aucune icône, aucun protectionnisme et paradoxalement aucun exhibitionnisme, Super Oum nous dévoile des silhouettes qui nous interrogent sur la question de notre appartenance et de notre identité.
« A travers un travail sur son propre corps de femme enceinte, Fatima Mazmouz s'attache à mettre à l'œuvre, souvent par le biais de l'humour, voire de celui de l'absurde, une véritable pensée sur nos modes de représentations, sur nos modes de réflexion et par là, une critique de leurs limites et des stéréotypes qui y émergent et s'y développent. Depuis ses premières œuvres, réalisées à la fin des années 1990, le détournement revient comme un leitmotiv jusqu'à ses productions les plus récentes. Cet attrait pour ce processus s'explique en partie par son multiculturalisme : née dans une culture berbéro-arabe, elle est élevée en France depuis son enfance, et appartient tout autant à la culture judéo-chrétienne. Elle est familière des codes appartenant à chacune, dont elle observe souvent les confrontations : “le propre d'une culture prend un sens tout à fait différent dans une autre.” »
Julie Jones
Publié suite aux expositions éponymes à la Galerie Fatma Jellal, Casablanca, et à la Kulte Gallery, Rabat, en 2014.
Artiste autodidacte, Fatima Mazmouz (née en 1974 à Casablanca) revendique une approche ancrée dans sa propre expérience. Sa formation en histoire de l'art lui permet de sensibiliser le questionnement sur les identités, individuelle et culturelle, le corps, leurs langages, leurs dialogues.