A l'occasion de l'exposition « Volumes fugitifs » qui présente trois générations d'artistes formés à l'Institut national des beaux-arts de Tétouan (INBA), des années 1980 à aujourd'hui, l'ouvrage accompagnant l'événement constitue, au-delà du catalogue d'exposition, la première archive critique réalisée sur « l'école de Tétouan » et l'histoire de l'art contemporain au
Maroc.
Très complet, cet ouvrage réunit entre autres : essais thématiques, images illustrant l'activité des artistes présentés et des anciens étudiants, témoignages et documentation sur l'histoire de l'INBA, et sur l'histoire de l'art au Maroc. Ce tout s'articulant autour de la création par Faouzi Laatiris de l'atelier Volume et Installation, celle du premier cours « d'art contemporain » instauré en 1992. Ainsi, sont développées les spécicités esthétiques et politiques des pratiques artistiques infuencées par le Nord du Maroc et par l'héritage méditerranéo-ibérique ; en arrière-fond, la question de la pédagogie artistique au Maroc ainsi que les artistes marocains dans la mondialisation.
Le livre interroge, dans le contexte si particulier de Tétouan, ce que « faire école » veut dire, au-delà de l'ici et maintenant.
Publié à l'occasion de l'exposition en deux volets « Volumes fugitifs » au Musée Mohammed VI d'art moderne et contemporain, Rabat, du 5 mai au 30 août et du 15 septembre au 30 décembre 2016.
Après ses études à l'Ecole des beaux-arts de Tétouan puis à l'Ecole des beaux-arts de Bourges en France, Faouzi Laatiris (né en 1958 à Imilchil, vit et travaille entre Tétouan et Martil) devient professeur à l'INBA de Tétouan, où il fonde l'atelier Volume et installation en 1993 – moment clé où la production de l'artiste va devenir,
in fine, indissociable de l'engagement pédagogique.
On lui doit d'avoir contribué à la formation des artistes les plus remarquables de leur génération (Safâa Erruas, Batoul S'Himi,
Younès Rahmoun, Mohssin Harraki,
Mustapha Akrim…), la « génération Tétouan ». Son influence sur les développements de l'art contemporain au Maroc est devenue évidente avec les années. Sa collaboration avec Jean-Louis Froment lors de l'exposition collective « L'Objet désorienté au Maroc », au musée des Arts décoratifs de Paris (30 mars – 29 août 1999) est également reconnue comme une étape décisive dans une histoire de l'art contemporain et transméditerranéen.
Au croisement de la sculpture, de l'installation, de la performance et de l'espace public, il développe depuis les années 1990 une esthétique de l'hybridation, en écho au chantier urbain et économique des pays du Sud dans la mondialisation. Les œuvres de Faouzi Laatiris se veulent au bord de la schizophrénie culturelle ; des bombes visuelles tiraillées entre leur forme et leur fonction, entre un système de production plus ou moins industriel, le système D et la poétique de la ruine.