Spontanée et généreuse, Noémie Lvovsky revient dans ces entretiens sur la fabrication de ses films, ses expériences et ses goûts cinématographiques. Premier ouvrage d'une collection consacrée aux cinéastes contemporains.
Du premier film de Noémie Lvovsky, Oublie-moi, en 1994, surgissait un des personnages marquants de notre jeunesse : Nathalie, folle d'amour et de rage, petite soeur perdue des Hippo et Halpern d'Un monde sans pitié. Quelques années plus tôt, Noémie Lvovsky avait co-écrit La Sentinelle d'Arnaud Desplechin. Avec cette fille et ce garçon, le cinéma français retrouvait son verbe et ses tripes, découvrait des corps et des cerveaux nouveaux (Valeria Bruni-Tedeschi, Emmanuelle Devos, Emmanuel Salinger…). Avec les films suivants, l'humour vient tempérer la rage de Lvovsky, qui installe son ton singulier : cru, physique, tendre et accidenté, grave et drôle. Un cinéma qui concilierait Truffaut et Godard ; qui s'autoriserait le romanesque du premier tout en le travaillant, le fracturant par les heurts et les dissonances du second. Un cinéma qu'on résumerait en disant que la vie, les sentiments et leurs danses ne font pas peur à Noémie.
Ce livre inaugure une collection consacrée à la pratique des cinéastes contemporains. Entretiens, carnets de travail, documents commentés… plusieurs formes alterneront pour servir une même ambition : raconter et commenter une œuvre en cours, en plongeant avec le cinéaste dans la fabrique de ses films. Revenir aux conditions de production, aux contraintes de fabrication, suivre la genèse d'un film de l'idée première à sa sortie en salles, suivre un parcours de créateur, de film en film. Comprendre le cinéma, aujourd'hui, implique de se tenir à l'écart du romantisme de l'auteur tout-puissant comme du pseudo-marxisme paranoïaque-obsessionnel du « système » ou de la « crise du scénario »… La vérité du cinéma est ailleurs, dans un jeu de l'art et de la vie dont chaque cinéaste et chaque film invente les règles, dans une dialectique sans cesse relancée du désir et de la réalité, de problèmes et de solutions, de préparation et d'improvisation, de l'intuition personnelle et des alchimies collectives.
Noémie Lvovsky a peu de temps, partagée entre une émission de radio, le dossier de presse de Camille redouble à boucler, la préparation d'un film dans lequel elle s'apprête à jouer, en Bretagne. L'entretien est morcelé en quatre rencontres au bar du Ritz puis chez elle, et enfin un rendez-vous téléphonique. Mais place à la parole précise, généreuse et libre de Noémie Lvovsky, narratrice gourmande de son parcours de cinéaste, de film en film jusqu'au dernier, en attendant le suivant.
Noémie Lvovsky (née en 1964 à Paris) est une figure importante du renouveau du
cinéma français des années 1990. Depuis
Oublie-moi, elle a été saluée aussi bien en tant que réalisatrice de comédies douces-amères (
La vie ne me fait pas peur,
Les Sentiments,
Faut que ça danse,
Camille redouble), scénariste (
La Sentinelle d'Arnaud Desplechin,
Actrice de Valéria Bruni-Tedeschi) et actrice remarquable dans des seconds rôles (chez Arnaud Desplechin, Riad Sattouf, Bertrand Bonello, Benoit Jacquot…).