Première monographie consacrée au travail de la danseuse et chorégraphe française qui fait du corps le lieu du politique, pour questionner les rapports de pouvoir
et de domination, avec une quinzaine de textes et d'entretiens.
Depuis ses premières créations au début des années 2000, Latifa Laâbissi creuse un sillon unique dans le paysage de la danse et de la performance en Europe. Loin des clichés, la chorégraphe fait du corps le lieu du politique, pour interroger les rapports de pouvoir et de domination. Elle le confronte au réel, l'ouvre à sa propre histoire, celle qui façonne les identités. Chacune de ses pièces et de ses projets de recherche font ressurgir des représentations inédites d'un corps sauvage, burlesque, intime, peuplé d'images qui interpellent autant qu'elles dérangent. La figure de la sorcière, de la femme guerrière ou archaïque, celle du fantôme, d'une nudité tribale, sont autant d'incarnations qui prennent forme sur le plateau pour déplacer les attendus du spectateur, pris dans ses propres clichés. En faisant de la scène et de la danse contemporaine le lieu d'émergence des problématiques identitaires et l'espace d'apparition de figures retranchées dans l'invisibilité, Latifa Laâbissi ouvre un territoire où se joue également une autre histoire de la danse, nourrie des déformations, manipulations et stigmates du corps, pour contourner, notamment, les stratégies d'asservissement racial qui sévissent depuis plusieurs siècles. Grimaces du réel est la première monographie consacrée à son travail.
Pièces, installations, conférences
performées, collaborations pluridisciplinaires : mêlant les genres, réfléchissant et redéfinissant les formats, le travail de Latifa Laâbissi (née en 1964 à Grenoble) cherche à faire entrer sur scène un hors-champ multiple ; un paysage anthropologique où se découpent des histoires, des figures et des voix. Les codes de la
danse y sont bousculés par des corps récalcitrants, des récits alternatifs, des montages de matériaux par où s'infiltrent les signes de l'époque.
Creusant les liens souterrains entre histoire des représentations et imaginaire collectif, la figure lui sert d'outil pour exposer les symptômes du refoulé
colonial.