Empruntant à
Fluxus,
Flower power est un
Event au cœur d'un événement à forte portée médiatique (Lille 2004). Sorte de variation orchestrale de la
Piano piece n°1 de
George Brecht en 1962 où le concertiste dépose un vase de fleurs sur l'instrument. Sa dimension générique laisse facilement la place à l'interprétation. L'exposition aurait pu être toute autre tout en restant la même.
Pour commencer, ici, les lieux d'accueil font partie du projet de l'exposition : du Palais des Beaux-Arts de Lille comme parfait exemple du mausolée destiné à la conservation des images, et du Palais Rameau, écrin du même goût éclectique, construit par un mécène pour célébrer la culture horticole, à l'Hospice Comtesse, musée d'ambiance permettant d'évoquer la sphère privée.
De même, sur un registre plus actuel, pour l'usage du parvis d'un complexe commercial en vue d'accueillir une sculpture, de l'aéroport pour une installation à effet d'annonce ou du catalogue d'une entreprise de vente par correspondance...
Entre histoire et environnement socio-économique, les fleurs ne sont ni un thème, ni le sujet d'une investigation scientifique... encore moins un concept. Elles ne constituent pas non plus le prétexte d'une entreprise cynique ou décalée : elles sont les éléments d'une réponse concrète savamment montrée. Tant il est clair que la recherche des effets de révélation que l'exposition peut induire compte plus que l'affichage de ses intentions.
L'exposition « Flower power » est organisée par
le Consortium pour Lille 2004 (Lille est, à partir du 6 décembre 2003 et pendant tout 2004, la
capitale culturelle européenne).
Distribuée dans trois institutions lilloises - le Palais des Beaux-Arts,
le musée de l'Hospice Comtesse, le Palais Rameau - l'exposition
Flower
power a pris littéralement le thème floral comme sujet.
Un clin d'oeil aux années 60 rebelles et contre-culturelles qui
s'articule en plusieurs chapitres :
Organisée par Alain Tapié, le nouveau directeur des musées de Lille,
l'exposition ne bouleversera l'ordonnancement du musée que par le
remplacement des peintures habituellement accrochées par ces natures mortes florales.
Le Palais des Beaux-Arts accueillera le « group show » contemporain qui
de
Warhol à Rosenquist, de
Richard Hamilton à
Rémy Zaugg, de Michael Lin
à Paul Morrison, de
Yan Pei-Ming à
Piero Gilardi, de
Yayoi Kusama à
Yayoï Deki, alignera de l'entrée du musée et son vaste atrium aux
salles d'exposition temporaire des peintures et sculptures venant
de collections publiques et privées du monde entier.
Le Palais Rameau, dans son espace baltardien, verra une sorte de jardin
des merveilles.
John Armleder, Choi Jeong-hwa,
Jessica Stockholder,
Kim Sooja,
Jorge
Pardo et
Lily van der Stokker vont faire cohabiter dans des
installations spécifiques des fleurs vraies et imaginaires.
Le catalogue respecte la tri-partition de l'exposition en ayant trois
sections au design particulier qui définiront chacune un univers donné.
Des textes d'Alain Tapié, des commissaires Franck Gautherot, Seung-duk
Kim,
Xavier Douroux et
Eric Troncy et des emprunts à Lio Lionni
entoureront une matière qui privilégiera l'illustration
foisonnante.
Chaque partie qui reproduira toutes les oeuvres installées, bénéficiera
en outre d'un matériel iconographique additionnel qui ira du
kitsch des catalogues de grainetiers aux papiers peints, des timbres
exotiques aux photos de villages fleuris, des publicités de couturiers
célèbres aux tissus de Marimekko.