Première monographie de la peintre belge d'origine syrienne.
Près des toiles, des pinceaux, des tubes de peinture, d'autres outils envahissent l'atelier de Farah Atassi : ouvrages d'histoire de l'art, revues d'architecture, catalogues d'exposition. Sur la table de travail, des dizaines d'images découpées sont minutieusement ordonnées, classées et annotées pour préparer les tableaux à venir. Partir d'une photographie pour arriver à une peinture, voilà le premier temps du travail de Farah Atassi. L'artiste accomplit de longues recherches qui la mènent souvent sur les traces des avant-gardes européennes des premières décennies du xxe siècle.
Plongeant et puisant dans l'histoire de l'architecture, de la peinture et du design, Farah Atassi s'attache à sélectionner des images qui lui permettront de construire ses intérieurs, car il s'agit là d'un véritable jeu de construction. Des traits au crayon pour placer les objets qui viendront hanter les tableaux, puis un précis quadrillage au scotch pour assurer la systématisation des motifs, qu'elle n'enlèvera qu'à la toute fin, non sans laisser quelques marques de l'adhésif. Le temps est maintenant venu de peindre. Farah Atassi peint des grands formats qui représentent des intérieurs. Des murs suintants, des espaces inhabités, quelques meubles branlants, un carrelage noirci par la saleté, un décor vétuste, quelques traces d'une présence humaine passée. Une ambiance de fin de partie où la ruine menace.
Marjolaine Lévy
Barry Schwabsky est critique d'art de renom et historien d'art américain. Il collabore régulièrement à la revue
Artforum.
Marjolaine Lévy est historienne d'art. Elle collabore régulièrement aux
Cahiers du Mnam.
Depuis sa sortie de l'école des Beaux-arts de Paris en 2006, Farah Atassi (née en 1981 à Bruxelles, vit et travaille à Paris) peint des intérieurs. Ses tableaux, tous de grand format (généralement 200 x 160 cm), sont issus d'un long travail de recherche et de documentation d'images triées, découpées, classées dans un répertoire qui rejoint celui des avant-gardes du 20e siècle, de l'objet à l'architecture, et celui d'une utopie communautaire déchue.
Partir d'une photographie pour arriver à une
peinture : Farah Atassi monte des images de provenance diverses. Traits au crayon et quadrillage au scotch lui permettent de construire le tableau. La peinture diluée qu'elle utilise est sujette à une évolution qui altère les couleurs : gris passés, marrons éteints, verts jaunis tendent, avec le traitement fragmenté et l'effacement des surfaces, vers un sentiment de ruine très contemporain, alors que les couleurs franches célèbrent la pureté moderniste.
Farah Atassi bouscule les cloisonnements historiques en considèrant de manière égale le modernisme et l'ornement dans ses tableaux. Ces positions artistiques et politiques détachent Farah Atassi du commun et portent son travail dans une lecture déjà reconnue par de nombreuses institutions (Mac/val, Centre Pompidou, Fnac, musée de Dole) et collections privées. Farah Atassi fut nominée pour le Prix Marcel Duchamp en 2011.